Résumé : Latéfa est curieuse, elle veut connaître son histoire. Fatima la lui raconte dans les détails. Originaire d’un hameau où les femmes de son âge sont mariées et mères depuis longtemps, sa famille désespérait de la caser. Les vieux prétendants étaient catégoriquement refusés. Par un concours de circonstances, elle fit connaissance d’une fillette qui s’accrocha à elle et la voulait pour mère car elle avait perdu la sienne. Son père vint la demander en mariage. Fatima était obligée de refuser, sans donner d’explication, lorsqu’elle se découvrit malade…
-Je ne voulais pas m’engager dans un mariage alors que j’ignorais si la maladie n’aurait pas le dernier mot, confie Fatima. C’était dur à vivre ! Au moment où j’allais accepter de me lier à lui, d’être une mère pour ses enfants, je tombais malade ! Une grosseur était apparue sur mon sein droit ! Je pensais à un kyste au début sauf que mon médecin s’était inquiétée et m’avait demandé une mammographie ! Je me voyais déjà morte, confie-t-elle, émue, des larmes aux yeux. Je me demandais pourquoi cela m’arrivait ! J’étais en colère ! J’en voulais au monde entier !
Elle cherche un mouchoir dans son sac pour sécher ses larmes.
- Je me révoltais contre mon destin et contre ma famille qui tenait à ce que je me marie sans rien dire de ma maladie ! Ils voulaient que je parte même sans fête ! Je n’avais pas les moyens pour les examens ! Mes frères dépensaient en râlant et m’en voulaient de refuser le mariage ! Moi, je m’imaginais comme une marchandise pourrie qu’on voulait fourguer à tout prix ! Mais je refusais de le trahir… lui et ses adorables enfants ! Ils ne méritaient pas de souffrir à cause de moi ! Si je devais souffrir, c’était seule, dans la chambre de mes défunts parents… Je ne me serais jamais pardonné d’être la cause des larmes de ma petite Aya ! Mais ils étaient revenus car ils s’impatientaient… En fait, je leur plaisais, à lui et ses enfants ! Je n’avais pas de chance car c’était mort d’avance ! Comme il insistait pour me parler, je l’ai reçu ! Le pauvre voulait des explications, me demandait si on m’avait dit du mal de lui et de sa famille ! Il était prêt à répondre à toutes mes questions, il croyait vraiment que je refusais la demande à cause des gens malintentionnés !
Latéfa est suspendue à ses lèvres.
- Et vous avez fini par lui dire la vérité ?
Fatima hoche la tête, n’en revenant toujours pas.
- Je la lui devais pour qu’il parte le cœur tranquille ! Mais quand il a su pour ma maladie, il ne s’est pas détourné ! Il n’est pas parti ! En fait, il était soulagé de savoir que j’aurais accepté sa demande si je n’étais pas tombée malade ! Il insistait pour qu’on se marie ! Il voulait me soigner… On ne s’était vus que deux fois mais il était décidé à être mon mari pour le meilleur et le pire ! Il tenait à ce qu’on affronte tout ensemble !
- Et vous voilà mariés ! s’exclame Latéfa. Où en êtes-vous dans vos soins ?
- J’ai subi une ablation et j’ai fait quelques cures… Je voulais qu’on se marie après tous les soins mais il n’en pouvait plus de venir chez nous. Il m’a demandé de lui faciliter la vie en acceptant d’avancer la date ! On s’est mariés, on est partis en voyage, moi, la fille de la campagne qui ne connaissait Alger qu’à travers les rendez-vous au CPMC ! Allah m’offrait tout après m’avoir éprouvée durant des années…On est rentrés hier de notre voyage de noces ! On a tenu à offrir des gâteaux au personnel soignant et aux malades… Je dois prendre un nouveau rendez-vous car je n’ai pas pu rentrer avant !
- Félicitations ! Je vous souhaite de vite guérir et d’être une bonne mère pour ces petits anges qu’Allah vous a donnés et même d’en avoir plus tard, murmure Latéfa avant de sortir une carte de visite et de la lui donner, la priant de venir au centre de bien-être quand elle voudrait. Ce sera mon cadeau de mariage !
Fatima la remercie chaleureusement puis lui murmure sur le ton de la confidence :
- Il faudra attendre un peu car je n’ai plus de cheveux… Les vôtres sont si beaux ! Et vous êtes si belle !
- Merci… Mais moi aussi, je suis touchée par ce mal, soupire Latéfa avant de lui sourire, heureuse de l’avoir rencontrée. J’avais l’habitude de voyager, de connaître des gens de la haute société. Depuis que je fréquente le CPMC, j’ai vu la souffrance des autres… On a de la chance d’avoir des hommes qui nous aiment malgré tout… D’autres femmes sont abandonnées, répudiées, battues… Combattre la maladie, affronter le regard des autres chaque jour est un combat qu’on n’est pas sûre de gagner, mais cela valait le coup ! Cela fait du bien d’être aimée et soutenue… Quant à l’avenir, personne n’en est maître ! Tout comme nous, ils partiront tous…
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