Résumé : Tarek a emmené Latéfa déjeuner dans un restaurant, sur les hauteurs d’Alger. C’est l’occasion de discuter les yeux dans les yeux. Latéfa regrette de ne pas avoir écouté sa mère et Lila. Le fait d’avoir rencontré Aicha et Fatima lui redonne espoir. Il est encore possible de faire sa vie. Toutefois, elle l’avertit : s’ils se marient et qu’il change de comportement, sa famille fera de sa vie un enfer. Elle demande à rentrer chez elle. A peine l’a-t-il déposée qu’il reçoit un appel de Da Ali, lui demandant de le rejoindre…
Da Ali l’a attendu dans le salon et lui fait signe dès qu’il entre. Un serveur apporte des cafés.
- Bonsoir, ça va ?
- Comment voudrais-tu que j’aille bien ? réplique-t-il, le visage défait. J’ai découvert que Latéfa a été victime d’une erreur médicale !
- Quoi ? Ce n’est pas possible ! Comment cela a pu arriver ?
- On l’ignore encore, confie Da Ali. Je suis passé voir une amie microbiologiste et elle m’a expliqué que chaque spécialiste peut analyser, décrire différemment le même échantillon !
- Je comprends pourquoi certains vont jusqu’à consulter deux, trois spécialistes, murmure Tarek. Mais la maladie est là, Latéfa a bien un cancer ?
- D’après les résultats, oui… Mais il y a quelque chose qui ne colle pas… Dans la mammographie faite à l’hôpital, il y a une grosse masse, le radiologue écrivait suspecte et tout…Mais, lorsqu’elle a été opérée, ce devait être que la partie gauche ! Mon ami, professeur chirurgien et oncologue, devait s’occuper d’elle mais il avait eu des soucis qui l’ont gardé loin de l’hôpital, raconte-t-il. Il a confié ses malades, à une sénologue avec qui il avait l’habitude d’opérer ! C’est une dame qui a plus de vingt ans d’expérience ! Elle a bonne réputation dans le domaine !
- C’est une bonne chose, non ?
- Le problème est qu’elle a procédé autrement, elle a retiré un sein et touché à celui de droite, poursuit Da Ali. Ce n’était pas prévu !
_ Ah non ! Ce n’est pas possible ! Si elle a autant d’expérience, elle ne peut pas faire une si grave erreur… Vous en êtes sûr ?
- Hélas… Là, on attend juste que la sénologue revienne et qu’elle explique ce qui s’est passé ! Je suis perdu ! Je suis en colère, contre le monde entier ! Je m’en veux aussi ! Je souffre de voir ma fille dans cet état ! Elle a arrêté de voir la famille, les amis. Elle qui avait l’habitude de voyager, ellene sort que pour les examens et les chimiothérapies ! Elle t’a exclu de sa vie alors qu’elle tient à toi ! Ma pauvre fille… Je meurs chaque jour un peu plus, lorsque je la voie perdue dans ses pensées !
- Da Ali, on est sortis. Elle a changé d’air… elle était bien jusqu’à ce que j’insiste pour qu’on se marie, raconte Tarek. Aujourd’hui, elle a rencontré une jeune mariée… elle est encore en plein traitement mais elle s’est mariée ! Latéfa était heureuse et pleine d’espoir ! Elle regrettait… Je sais qu’elle tient encore à moi et j’attendrais le temps qu’il faut ! Je saurais être un bon mari, patient et solidaire ! Je le jure ! Jusqu’à ce que la mort nous sépare !
- Inch ‘Allah mon garçon ! Je regrette de ne pas l’avoir emmenée à Paris ou ailleurs ! Je crois que par ma faute, on lui a bousillé la santé ! Je remets tout en question ! Je suis perdu ! Tu te rends compte que par ma faute, je vous ai gâchés la vie ?
- Da Ali, vous n’avez pas à vous blâmer de la sorte ! Rien dans ce qui est arrivé n’est de votre ressort ! D’ici quelques jours, on sera définitivement fixé sur son état réel ! Inch’Allah que son état n’est pas aussi grave et que sa vie n’est pas en danger !
- Oui, je le souhaite aussi ! soupire le vieux père. Mais ils ont touché à sa poitrine ! On est passés par des moments difficiles ! Après l’opération, elle ne supportait pas son image ! Après les chimios, ça a empiré… Rien ne la rattachait à la vie ! Alors que mon ami me contactait pour me parler de ses doutes, je la voyais faire de nouvelles rencontres sur internet et reprendre espoir… Quand tu es venu, je l’ai vue sourire et rire… Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour revenir en arrière !
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