Des Gens et des Faits 41e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 31 Janvier 2021 à 20:23

Résumé :  Les temps sont durs. Impossible de faire confiance aux autres, Nedjmeddine refuse d’abandonner. Il lui parle de la vie rude et des mentalités qui n’évoluent pas dans sa région. Lorsqu’ils dînent ensemble, Fathma demande des nouvelles de la belle-famille et les prie de les inviter. Nedjmeddine est d’accord, il charge Anissa d’inviter sa famille et Sarah.

-Ma tante, il faut que je lui parle. Dites-lui que j’ai des photos de mon mariage et d’autres choses à lui remettre. Si elle est d’accord, elle pourra venir avec ma famille.
Anissa espère que le message lui mettra la puce à l’oreille. 
-Insistez, la prie-t-elle. Je dois impérativement lui parler. Rapportez-lui mot par mot ce que je vous ai dit, je vous en prie.
-Ma fille, je t’aurais passé Sarah avec plaisir, mais elle est à l’hôpital. Elle est malade mais on ignore de quoi. Elle ne se nourrissait plus et restait enfermée. Nous avons eu peur pour elle, alors on l’a emmenée de force chez un médecin. Il a insisté pour qu’elle aille à l’hôpital, avec d’autres examens, peut-être qu’ils sauront ce qu’elle a au juste. 
-Oh ! J’espère que ce n’est pas grave, depuis quand est elle hospitalisée ?
-Cela fait quelques jours et son état ne s’est pas amélioré, regrette la mère. J’ai peur de la perdre.
Anissa en est toute bouleversée, elle pleure. Dès qu’elle raccroche, elle va en parler à Nedjmeddine.
-Je pensais demander à mon oncle de la ramener avec eux, mais Sarah… Sarah est à l’hôpital. Sa famille a été contrainte à l’hospitaliser, mais elle ne va pas mieux. Nedjmeddine, demain, je ne travaille pas. Je voudrais me rendre à Oran et la voir, je ne suis pas rassurée du tout.
-Je savais qu’ils s’aimaient beaucoup, mais jamais je n’aurais douté qu’elle puisse souffrir à ce point, remarque-t-il. Je t’aurais bien accompagnée, mais je ne peux pas m’absenter. 
-Je comprends, ne t’inquiète pas. Je reviendrais vite, promet-elle. J’espère qu’elle n’a rien de grave. 
-Inchallah, ne t’inquiète pas, elle finira par se remettre.
Anissa le souhaite de tout cœur. Le lendemain matin, elle s’excuse auprès de sa belle-famille et leur explique la raison de son départ. Les vœux de guérison ne sont pas de trop. Durant tout le trajet, elle ne cesse de prier pour que Sarah aille mieux. Elle se rend directement à l’hôpital. Ce n’est pas l’heure des visites, mais une infirmière veut bien faire une exception vue qu’elle vient de loin. 
-La deuxième chambre à droite, mais ne tardez pas, la prie-t-elle. Elle a besoin de repos.
Anissa est sous le choc en voyant son amie amaigrie. 
-Oh Sarah ! Mais qu’est ce qui t’arrive ? Tu n’étais pas comme ça l’autre fois. Pourquoi tu ne te remets pas ? 
-Je n’ai pas envie, je voudrais qu’on me laisse mourir.
-Arrête de dire des bêtises, pense à la peine de ta famille, à moi, je deviendrais folle si je te perdais. Allez, Sarah, redresse-toi un peu. 
-Je n’ai pas envie de me faire dorloter, murmure Sarah dont les yeux se mouillent de larmes. Le seul être qui avait donné un sens à ma vie est mort. Je voudrais tellement le rejoindre. 
-Arrête de dire n’importe quoi. Même lui serait fâché de t’entendre parler de la mort. Ma chérie, la vie continue, dit Anissa en pleurant avec elle. Si cela peut te réconforter, sache qu’il t’aimait vraiment. Dans ses affaires, Nedjmeddine a récupéré des photos de vous deux. Je crois que tu es la plus belle chose qui lui soit arrivée dans la vie, il a connu le vrai bonheur. Tu ne peux pas savoir à quel point tu l’as rendu heureux.
-Et moi ? Jamais un garçon n’a fait battre mon cœur aussi fort, jamais je n’aurais cru pouvoir vivre des émotions aussi intenses Anissa. Il m’était facile de rire et de rêver avec lui. Nouscroyions que rien ne pourrait nous séparer. Enfin, nous savions qu’il y avait la mort, mais nous nous voyions vieillir ensemble, mourir entourés de nos enfants et de nos petits-enfants. Nous ne savions pas… Et puis, nous nous étions fâchés… Il est mort sans que j’ai pu me réconcilier avec lui, je n’ai pas eu le temps de tout lui dire.
Anissa la prend dans ses bras et tente de la réconforter du mieux qu’elle peut. Elle sent que son amie n’en peut plus et qu’elle voudrait se confier. Sarah n’est pas seulement malade de chagrin, elle est aussi désespérée et perdue. 

 


(À SUIVRE)
 T. M. 

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