Résumé : Malgré le poids de l’âge et sa fatigue, la vieille matrone interroge Mordjana, puis passe à l’action. Elle lui propose un premier massage pour ramollir les muscles de son abdomen. Rendez-vous est pris pour les jours à venir. La jeune femme se sent très lasse. Elle appelle son mari, qui s’inquiétait pour elle, et le met au courant.
Samir soupire.
- Je te fais confiance pour la patience. Tu m’as rendu dingue ces derniers temps.
Mordjana sourit.
- Je suis trop fatiguée pour te tenir tête aujourd’hui.
- Eh bien, je te laisse te reposer. Je pourrai toujours te rappeler dans la soirée.
Ils raccrochent, et Mordjana s’alite. Elle se sent réellement fatiguée, et des douleurs remontent le long de son dos et de son ventre.
Sa grand-mère lui prépare une tisane à base d’herbes et lui conseille de dormir aussi longtemps qu’elle le pourra. Rassuré sur le sort de son épouse, Samir quitte enfin la maison pour se rendre au bureau. Il a donné des rendez-vous dans l’après-midi et doit assister à une conférence en fin de journée.
Il se met au travail sans plus attendre pour mettre à jour plusieurs plans et honorer ses engagements. Malgré les insomnies dont il souffrait ces derniers temps, il se sent en assez bonne forme pour mener à bien ses tâches. Mordjana traverse ses pensées, et il se promet de trouver un moment pour l’appeler avant sa conférence. Enfin, il se débarrasse des travaux les plus urgents et prend quelques documents pour se rendre à l’université, où doivent se dérouler quelques travaux sur les architectures modernes et anciennes. Comme il est membre d’une commission chargée de la sauvegarde du patrimoine culturel et des anciens vestiges, il a préparé un exposé sur les récents travaux de réhabilitation dont devraient bénéficier plusieurs quartiers, et qu’il doit lui-même parrainer. Il y a foule à l’amphithéâtre, qui s’avère exigu pour contenir professeurs, étudiants, architectes, historiens, chercheurs, etc. Après l’exposé, qui sera suivi d’un long débat, Samir répond aux questions techniques de plusieurs assistants et est longuement applaudi pour ses travaux.
Il est tard lorsqu’il se
libère enfin. Il jette un coup d’œil à sa montre bracelet et constate qu’il est déjà 22h. Il ne s’est pas rendu compte du temps et a omis de rappeler Mordjana. Elle-même n’a pas appelé. Il conclut qu’elle devait déjà dormir à poings fermés. Cette première séance de massage a dû l’épuiser.
Il allait monter dans son véhicule lorsqu’une voix l’interpelle :
- Bravo, Samir. J’ai beaucoup
aimé ton exposé. Comme à tes habitudes, tu as fait sensation.
Cette voix… ce timbre…
Il se retourne et ne peut retenir un cri de surprise :
- Ilhem !
Elle s’avance vers lui et ébauche un sourire.
- Oui. C’est moi. Je ne m’attendais pas à te rencontrer ici.
- Heu... moi non plus. Comment vas-tu, Ilhem ?
Elle baisse les yeux.
- Ça va. Je vais bien.
Le ton triste de la jeune femme lui fend le cœur, mais il se reprend :
- Je suis heureux de te revoir. Tu étais concernée par la conférence ?
Elle hausse les épaules.
- Je suis architecte et je m’intéresse à tout ce qui pourrait m’apporter un plus dans ce domaine. Tout comme toi, je fais des recherches et tente de me frayer un chemin à travers l’architecture ancienne. C’est fabuleux, tous ces plans de bâtisses qu’on a retrouvés et qui nous aideront sûrement à élaborer des configurations qui se rapprocheront davantage des styles authentiques.
Un peu embarrassé, il acquiesce :
- Oui. Je… je fais beaucoup de recherches dans ce domaine justement. Je me suis un peu spécialisé. Tu comprends ? Je travaille à mon compte maintenant et je dois adapter un style de construction propre à mes ambitions.
- Tu es égal à toi-même, Samir.
Il ébauche un sourire.
- Pourquoi devrais-je changer ?
Elle garde le silence un moment avant de murmurer :
- Tes sentiments ont pourtant changé envers moi, Samir.
De plus en plus gêné devant son ancienne amie, le jeune homme se met à jouer avec les clés de son véhicule. Puis il soupire, avant de lancer :
- Je ne sais quoi te répondre, Ilhem.
Elle se pince les lèvres.
- Dis que tu m’as oubliée. Tu as rencontré une autre femme, tu t’es empressé de te marier et te voilà casé, heureux et bien dans ta peau. Cela fait déjà… voyons, deux, trois… Oui, c’est cela. Cela fait trois années qu’on ne s’est plus revus. T’en rends-tu compte ? Après tant d’années sur les bancs de la faculté, tant de promesses, tant de projets, tu me quittes du jour au lendemain sans aucune explication, puis j’apprends par autrui que tu as épousé une fille du Sud.
à suivre
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