Résumé : Lisa met au courant sa sœur sur l’état de santé de leur mère. Celle-ci, récemment installée au sud du pays, n’ose pas venir seule. Elle doit attendre que son mari se libère. Lisa pense à mettre au courant son frère, mais Hamid refuse. Elle ne doit pas le troubler. Il ne doit pas sacrifier ses rêves, puisque leur mère n’a rien de grave.
Lisa a pris un congé et s’occupe de sa mère et de la maison. Elle est comme une infirmière qui fait son travail avec cœur. La prise du traitement est régulière, et toutes les deux heures elle lui met des gouttes dans les yeux. Elle lui tient compagnie et lui prépare des soupes et des compotes, suivant le conseil du neurologue. Maya n’a pas beaucoup d’appétit et si Lisa n’était pas là tout le temps à vouloir discuter avec elle, elle restait au lit, dans sa chambre. Elle a tiré les rideaux pour avoir de l’obscurité. Mais dès que Lisa entre, elle les ouvre.
-Comment peux-tu rester dans l’obscurité ?
Maya fait un signe de la main, la priant de la laisser, mais Lisa refuse de quitter la pièce. Elle veut la forcer à parler.
-Maman, tu ne te débarrasseras pas de moi… Tu dois parler, car c’est à force de pratique que tu pourras parler comme avant… Je suis ta fille, je ne vais pas fuir en voyant ta bave ! Personne n’est à l’abri. Ça arrive aussi aux jeunes !
-Non…
Comme on sonne à la porte, Maya se rallonge et tire le drap sur sa tête, exaspérant sa fille.
-Je vais ouvrir, et si ce sont nos voisines, je les amènerai ici ! Tu comptes pour nous tous ! Elles viennent aux nouvelles et tu les verras !
-Non… Pas ça…
Lisa sort en claquant la porte de la chambre. Elle va ouvrir et s’efforce à sourire en tombant sur sa belle-mère et sa belle-sœur.
-Bienvenue ! s’écrie-t-elle en s’effaçant pour les laisser entrer. Elle les embrasse chaleureusement, et en se rappelant comment elles se sont séparées quelques mois plus tôt, elle grimace. Comment allez-vous ? Comment va mon beau-père ? Pourquoi ne vous accompagne-t-il pas ? J’espère qu’il va bien !
Elles prennent place au salon. La belle-mère ne sourit pas.
-Nous, nous allons bien, mais ta mère, Hamid nous a dit qu’elle était souffrante ! Ghir el-kheir ?
-Oui, juste un coup de froid, répond Lisa. Elle a le visage enflé et raide, raconte-t-elle. N’importe qui peut avoir une paralysie faciale !
-On peut la voir ?
-Elle dort… Le neurologue lui a prescrit des médicaments, l’un d’eux est un relaxant, poursuit Lisa. Pour qu’elle puisse se reposer et oublier, car ce n’est pas facile à accepter !
-Oui, j’imagine que ce n’est pas beau à voir !
On sonne à la porte. Lila lui dit :
-C’est sûrement el-hadj… Il ne voulait pas venir les mains vides !
La jeune femme s’empresse d’aller ouvrir et reçoit chaleureusement son beau-père qui avait apporté des sacs pleins de fruits et des jus.
-Il ne fallait pas, dit-elle sur un ton de reproche. Ton visage nous suffit… Comment vas-tu ?
-Bien ma fille, je me faisais des soucis pour ta mère. Comment va-t-elle ? Tient-elle le coup ? Comment vit-elle la chose ?
-Elle a honte. Elle est méconnaissable ! Elle ne veut pas de la pitié des gens, elle ne veut pas entendre ce qui va se raconter sur elle, sur sa maladie, les causes, répond Lisa. D’un côté, je comprends, mais je ne peux pas la laisser s’isoler !
-D’autres aussi…
La jeune femme suit son regard et voit sa belle-mère traverser le couloir et ouvrir les chambres. Elle entre dans celle de sa mère. Lisa est trop loin pour l’en empêcher. Elle lâche les sachets et se presse de la rejoindre. Elle voit sa mère tournant le dos, le drap remonté jusqu’aux yeux.
-Yemma dort ! lui dit-elle à voix basse, en la retenant par le bras. Elle la presse de sortir, s’agrippant à son bras pour qu’elle sorte de la pièce. Elle prend un calmant prescrit par son neurologue. Il ne veut pas qu’elle s’angoisse…Retournons au salon !
À SUIVRE