La reprise des investissements en Algérie est tributaire de l’efficacité de la nouvelle loi sur les hydrocarbures à attirer les investissements.
Les investissements dans les énergies ont nettement reculé, en 2020, dans la région Mena, en raison, principalement, des politiques de resserrement budgétaire menées dans certains pays de la région, et de l’ajournement de plusieurs projets dans d’autres pays sous l’effet du choc pandémique sur leurs économies, conclut Apicorp (Arab Petroleum Investments Corporation), dans un rapport sur les perspectives des investissements énergétiques dans la région Mena (2021-2025).
En Algérie, l’État a dû ajourner à 2021 des dépenses de 3 milliards de dollars prévues dans le secteur de l’énergie, en raison de la situation budgétaire tendue dans le pays et les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur l’économie.
L’espoir d’une reprise de la demande mondiale d’or noir cette année, sur fond d’accélération des campagnes de vaccination et des déconfinements, suscite chez les analystes d’Apicorp l’espoir de voir rebondir les investissements énergétiques dans la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord).
Apicorp anticipe ainsi une hausse de 6,4 milliards de dollars, à 133 milliards de dollars, des investissements énergétiques dans la région Mena en 2021. En Algérie, la perspective de reprise des investissements est ternie par un état des lieux budgétaire moins avantageux que dans d’autres pays exportateurs de pétrole de la région, estime l’Arab Petroleum Investments Corporation.
Il faudra encore attendre pour voir repartir l’investissement dans les hydrocarbures en Algérie, estime Apicorp, qui souligne que la reprise des investissements en Algérie est tributaire de l’efficacité de la nouvelle loi sur les hydrocarbures à attirer les investissements.
“ Cette projection de hausse des investissements énergétiques est subordonnée à de nombreux scénarios hypothétiques, dont le succès de la nouvelle loi sur les hydrocarbures de l’Algérie dont l’objectif consiste à attirer les investissements nécessaires pour réorganiser son secteur”, lit-on dans le rapport d’Apicorp.
“L'Algérie a une pléthore de projets en attente de la mise en œuvre des réformes législatives liés à la restructuration complète de son secteur énergétique et au cadrage des IDE nécessaires pour réalisation de ces projets”, soutient Apicorp.
Une situation budgétaire tendue
Selon le même organisme, la nouvelle loi algérienne sur les hydrocarbures “doit encore prouver son efficacité pour attirer les IDE nécessaires à relancer l’amont pétrolier et gazier en difficulté”.
De quoi jeter un froid sur l’optimisme officiel ambiant invoquant une forte résilience du secteur des hydrocarbures face aux chocs externes et au déclin de l’investissement étranger. Lors d’une réunion tenue mercredi dernier, le gouvernement a indiqué que 21 décrets exécutifs relatifs à la nouvelle loi sur les hydrocarbures ont déjà été promulgués.
La rechute des cours du brut sur le marché mondial dès le début de 2020 et ses conséquences sur les positions financières internes et externes de l’Algérie n’a fait qu’aggraver le ralentissement de l’activité dans le secteur des hydrocarbures.
Les dernières données en date, qui remontent au 1er trimestre de l’année dernière, ont levé le voile sur une baisse de 13,4% de la croissance dans le secteur des hydrocarbures. Apicorp estime qu’avec la reprise des prix du pétrole, cette année, la plupart des pays du CCG, ainsi que l'Irak et l'Algérie, “pourraient s'attendre à une stabilisation de leur solde budgétaire”.
Cependant, la reprise des investissements énergétiques à leurs niveaux d'avant 2020 devrait prendre plus de temps. “ Cela est dû principalement à la position budgétaire fragile des pays de la région, dont certains ont eu recours à des niveaux d'endettement élevés au fur et à mesure que leurs liquidités baissent.
Cela est valable pour Oman, l’Algérie et le Koweït”, lit-on dans les “Perspectives des investissements énergétiques dans la région Mena (2021-2025)” d’Apicorp. Ses analystes estiment que des pays comme l'Algérie et l'Irak “auront à mettre en œuvre des réformes structurelles pour assurer un avenir économique durable”.
Dans le même rapport, les économistes d’Apicorp soulignent que les pays de la région Mena, l'Algérie et le Koweït particulièrement, même s’ils sont encore réticents à emprunter la voie de la dette extérieure, “n’auront plus d’autres choix car leur situation budgétaire et la crise de liquidité devraient s'aggraver dans les années à venir”.
Ali TITOUCHE