L'organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (Opep+) se réunissent aujourd’hui pour discuter de la situation des marchés actuels du brut, et de l'avenir de l'accord de réduction de la production en vigueur depuis le mois de mai 2020 et qui devrait se poursuivre jusqu'en avril 2022.
L’ordre du jour de cette réunion est l'évaluation de la politique de l’alliance et son éventuel prolongement à compter du mois d'août.
Continuer sur sa lancée actuelle, qui prévoit d’assouplir les réductions de production au cours du mois prochain, ou plutôt s'en tenir au calendrier prudent convenu en avril. Face à l'accalmie de la crise sanitaire, les vingt-trois ont commencé à rouvrir les robinets plus largement début mai. Une stratégie progressive, par palier mensuel, qui, jusqu'à présent, a été définie jusqu'en juillet.
L'Opep et ses 10 alliés avaient décidé de mettre 350 000 barils par jour supplémentaires sur le marché, en mai et juin puis 441 000 barils en juillet. Côté demande mondiale, la tendance est à l’optimisme. Malgré le retour des restrictions de déplacement dans plusieurs pays asiatiques, frein à la consommation de pétrole, la demande devrait continuer à augmenter avec l'intensification des voyages d'été en Europe et aux États-Unis, assurent les analystes, et ce, grâce au déploiement rapide des vaccins dans ces régions du monde.
L'Opep fait également preuve d'optimisme quant à la reprise de la demande : l’organisation pétrolière a maintenu au début du mois ses prévisions et table sur un rebond de 6 millions de barils par jour cette année par rapport à 2020, à 96,5 millions consommés quotidiennement sur la planète.
Cela se ressent sur les prix, revenus ces jours-ci aux niveaux pré-Covid : le baril européen de Brent s’échangeait, hier, à un prix proche des 70 dollars quand son homologue d'outre-Atlantique, le WTI cotait autour des 67 dollars.
Il reste que l’issue de la réunion d’aujourd’hui ne semble pas actée puisque l'Arabie saoudite et la Russie défendront des positions différentes.
La première craint les conséquences de la crise sanitaire indienne, tandis que la seconde veut profiter de la hausse des cours. La Russie, chef de file des alliés, cherchera probablement à accélérer le rythme comme elle l’a fait depuis le début de l’année. Mais elle se heurtera sans doute à l’Arabie saoudite, poids lourd de l’Opep, qui, adepte de la prudence, est prompte à mettre dans la balance la résurgence des contaminations de Covid-19 en Asie. Par ailleurs, si elle est attentive à la demande d'or noir, l'Opep surveille aussi de près l'offre de ses concurrents, comme les États-Unis, premier producteur mondial, et de ses propres membres, un sujet de discorde récurrent lors des sommets ministériels.
Le groupe se prépare également à absorber dans un avenir plus ou moins proche un autre gros morceau : le retour sur le marché de la production iranienne, un point de discussion clé, estiment les analystes. En effet, si les pourparlers sur le programme nucléaire iranien aboutissent, la levée d'un certain nombre de sanctions économiques, dont l'embargo sur le pétrole en vigueur depuis 2018, ouvrirait la porte à une hausse de la production de près de 1,5 million de barils par jour si l'on compare le niveau actuel de Téhéran à celui d'il y a trois ans.
Saïd Smati