Économie OUVERTURE DU TRANSPORT MARITIME À L’INVESTISSEMENT PRIVÉ

Enjeux et profits d’une démonopolisation

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Ali TITOUCHE Publié 05 Février 2022 à 23:41

© Archives Liberté
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L’ouverture du transport maritime à la concurrence devrait, à coup sûr, faire baisser les prix du fret et améliorer la fiabilité et la qualité des services, tout en permettant à l’économie nationale d’importantes économies sur la facture d’importation.

Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, est revenu à la charge, dimanche dernier, sur  le  projet  d’ouverture  du  transport  maritime  et  aérien  à l’investissement privé. Depuis son premier appel à la démonopolisation du secteur, daté du mois d’août de 2020, force est de constater que le dossier n’a que peu évolué au niveau des institutions de tutelle. 

Dimanche, à l’occasion  de  la  tenue  du  Conseil  des  ministres, Abdelmadjid Tebboune a appelé à nouveau à accélérer l’ouverture du transport maritime et aérien à l’investissement privé.

Si le transport aérien  entrevoyait  une nouvelle  perspective  suite à l’arrivée prévue de la compagnie privée Flywestaf sur le marché, le transport maritime, dont les enjeux économiques sont de surcroît plus importants, pédale encore dans la semoule, faute d’échappées  belles lui permettant  de sortir la tête de l’eau. 

Les coûts et surcoûts générés par le s frais de transport  des marchandises grèvent la trésorerie publique. En août 2020, le président de la République, qui présidait les travaux de la conférence nationale pour le plan de relance, a rappelé à juste titre que la facture annuelle des services de transport s'élevait à 12,5 milliards de dollars, dont 3,4 milliards de dollars de frais de transport maritime de marchandises. 

L’enjeu se révèle ainsi capital pour l’économie nationale, affaiblie ces dernières années par le creusement des déficits jumeaux, dont le déficit de la balance des paiements est intimement lié à la facture d’importation de marchandises et services ainsi qu’à la valeur des exportations.

De l’avis d’Abdelghani Ben Amara, logisticien spécialisé en transport maritime et transport combiné “rail-route”, l'ouverture du secteur de transport maritime passager et cargo à la concurrence est primordial pour le pays.De manière générale, cette ouverture devrait faire baisser les prix et améliorer la fiabilité et la qualité des services.

“En effet, la mesure aura un effet vertueux en baissant les tarifs de transport tout en préservant la fiabilité des services”, estime Abdelghani Ben Amara, qui est aussi un ex-responsable logistique à l'agence CNAN Marseille. Selon lui, l’Algérie dispose de plusieurs cordes à son arc à même de faire aboutir son projet dans les meilleures conditions.

“L’opérateur  privé  devrait  tirer  profit  de  plusieurs  atouts, dont  la  façade maritime de l’Algérie, la proximité avec les côtes sud-méditerranéennes de l'Europe, le transit time (le temps de traversée), la consommation du carburant (prix très compétitifs de nos carburants)… nos autorités doivent tenir compte de ces éléments pour bien négocier la concession et notamment les cahiers des charges”, soutient notre interlocuteur. 

Pour la partie cargo fret RO/RO que l'on pourra optimiser à bord des navires, Abdelghani Ben Amara, contacté par Liberté, estime qu’il est important d’améliorer la compétitivité du fret RO/RO pour l'Algérie, étant donné que “les effets sont très bénéfiques pour les opérateurs algériens.

Augmenter l'offre RO-RO permet, selon notre interlocuteur, de diminuer la forte dépendance aux conteneurs (quasi-monopole de la conteneurisation pour l'importation), sachant que le fret conteneurisé est détenu majoritairement par les compagnies étrangères”. Il est question par-dessus tout de “faire baisser les prix exorbitants du fret maritime à destination de l'Algérie et, par conséquent, des coûts logistiques”, souligne Abdelghani Ben Amara. 

Le bénéfice pour l’Etat est tout aussi important, notamment en économie des devises, mais aussi au profit des opérateurs économiques locaux et ainsi, in fine, aux consommateurs algériens, conclut notre interlocuteur, soulignant l’impératif de négocier un vrai “deal win-win” avec l'opérateur, nonobstant un cahier des charges adéquat. Cependant, de l’avis d’Abdallah Seriai, président de Translog, le développement du transport maritime est intimement lié à celui des infrastructures portuaires.

Ce pourquoi, estime-t-il, le port Centre d’El-Hamdania, très attendu par les professionnels, devrait “fouetter le transport maritime dans notre pays et aider à faire baisser le prix du fret maritime en réceptionnant des navires modernes”.
 

Ali TITOUCHE

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