L’absence de précipitations en cette période cruciale de l’année aura certainement des conséquences négatives sur la production agricole nationale.
Le phénomène tend à s’inscrire dans la durée : ces trois dernières années, l'ensemble des régions d’Algérie a connu un déficit en pluviométrie compris entre 20 et 30%. Et l’absence de précipitations en cette période cruciale de l’année ne manquera, certainement pas, d’avoir des conséquences négatives sur la production agricole nationale, d’autant que le taux national de remplissage des barrages, estimé à 37,66% selon le ministère des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique, demeure faible pour faire face aux besoins du secteur agricole.
Pour l’heure, experts et responsables du secteur s’accordent à dire que l’on ne peut parler de sécheresse. Car habituellement, les mois les plus pluvieux de l’année sont mars et avril. Mais cela n’exclut pas que le produit qui risque d’être le plus touché est les céréales, mars et avril étant des mois cruciaux en ce qu’ils constituent la période du tallage laquelle nécessite beaucoup d’eau.
“Nous sommes dans une phase assez critique. L’année écoulée était déjà difficile sur le plan pluviométrique. Son impact sur la production céréalière, pour ne citer que cette filière, a été extrêmement sévère”, avoue le Pr Ali Daoudi, enseignant chercheur à l'École nationale supérieure d'agronomie. Il en veut pour preuve la faiblesse de la production ou de la collecte de blés évaluée par le ministère de l’Agriculture à 13 millions de quintaux seulement.
Durant les deux derniers mois (décembre et janvier) et vraisemblablement, le mois de février en cours, le taux de pluviométrie est très faible. Du coup, le spectre de la sécheresse plane bel et bien sur le pays. “Si cette carence en précipitations persiste, de gros risques pèseront lourdement sur les productions, notamment la céréaliculture”, prévient l’agroéconomiste.
L’Ouest, réputée pour sa faible pluviométrie, avec un taux de remplissage des barrages évalué à 22%, sera certainement la région la plus touchée. Si de telles conditions climatiques défavorables continuent durant les quelques semaines à venir, la campagne céréalière sera fatalement compromise pour l’année en cours. Mais contrairement à l’Ouest, à l’Est, avec quelques jours de pluie, la récolte pourrait être sauvée.
En clair, si d’ici à la mi-mars, la pluie venait à tomber, l’année pourrait être sauvée. Faute de quoi les dégâts risquent d’être fatals pour la campagne céréalière. “Les signaux sont préoccupants pour la campagne 2021-2022 qui risque d’être impactée sérieusement”, indique notre source.
Or, la pluviométrie ne concerne pas uniquement les cultures pluviales et la céréaliculture mais également les secteurs où les périmètres sont irrigués depuis des barrages. Et le taux de remplissage de ces derniers au niveau national ne dépasse pas 37%. Un taux faible, qui peut à peine satisfaire les besoins des populations en eau potable
. Ainsi, les quotas destinés à l’irrigation seront revus à la baisse ou carrément annulés. L’agriculture à irriguer sera de ce fait indubitablement affectée.
L’autre méfait de manque de pluies a trait à l’épuisement de certaines nappes, devenues fragiles à cause d’une surexploitation. “Avec un cycle de deux années consécutives de faible pluviométrie les conséquences risquent d’être plus lourdes que celles de l’année dernière”, estime le Pr Daoudi.
Face à une telle situation, il faut impérativement, suggère-t-il, minimiser le pompage et optimiser l’utilisation de l’eau qui est pompée. “Ce n'est pas encore très alarmant, mais il y a toutefois des signaux inquiétants”, conclut notre interlocuteur, qui invite les responsables à anticiper sur cette problématique en prenant les mesures nécessaires.
B. K.