Si l’horizon semble s’éclaircir sur le marché pétrolier, la reprise de l’activité économique risque de tarder, faute de financements.
Passées les législatives du 12 juin dernier, les dossiers économiques reviennent sur le devant de la scène ; le pays demeurant confronté à de sérieux problèmes qui résultent, certes, de la rechute des prix du pétrole en 2020, aggravés par les conséquences du choc pandémique. Le mal est profond et les causes ont, par conséquent, une dimension structurelle.
Alors que se déroulent sur le front politique les tractations autour de la nomination d’un nouveau gouvernement, ce dernier est, d’ores et déjà, sous pression avant même d’être nommé, face à une situation économique dont les voyants virent au rouge.
Si l’horizon semble s’éclaircir sur le marché pétrolier, la reprise de l’activité économique risque de tarder, faute de financements, alors que de nombreux secteurs d’activité peinent à se relever des conséquences du choc pandémique.
Le surendettement interne du pays hérité des années de la planche à billets, avec, au tableau, une dette publique interne qui caracole à plus de 9 300 milliards de dinars à fin 2020, ne manque pas d’assombrir le tableau, mettant le prochain gouvernement devant de sérieux dilemmes.
L’envol de la dette interne, combiné à la difficulté de mobiliser des ressources financières conventionnelles, sur fond de résultats plutôt mitigés de la politique monétaire, pose la question de la marge de manœuvre dont dispose le prochain gouvernement, non seulement pour la couverture de la dette et des déficits, mais aussi pour le financement de l’investissement et la croissance. Autant dire que c’est la quadrature du cercle.
D’importants problèmes ont débordé le champ économique et financier courant 2020, aggravés par la crise sanitaire qui a mis à genoux de nombreuses entreprises, alourdi le coût social et exacerbé le chômage et les tensions budgétaires.
En dépit d’une remontée des cours du brut amorcée depuis le début de l’actuel exercice, les déficits budgétaire et courant demeurent élevés, nécessitant d’importants ajustements de fond, essentiellement budgétaires, et donc impopulaires.
La croissance du PIB réel a fortement chuté, en raison principalement du déclin de l’activité dans le secteur des hydrocarbures et de l’impact de la crise sanitaire sur les activités hors hydrocarbures.
Le chômage grimpe à des niveaux problématiques, notamment chez les jeunes et les femmes, le taux d’inflation est reparti à la hausse du fait, entre autres, de l’augmentation des cours mondiaux des produits alimentaires et des conséquences de la dépréciation du dinar… Autant de voyants qui alertent sur des dangers imminents, risquent, au demeurant, d’exacerber les tensions sociales.
Au chapitre des comptes extérieurs, les chiffres sur la fonte des réserves de changes — qui se nourrit des déficits abyssaux de la balance des paiements — sont toujours plus vertigineux et donnent l’alerte quant à l’excès de la dépense intérieure brute des agents économiques rapportée au revenu national.
Là aussi, l’érosion accélérée des réserves de changes révèle la faible résilience de l’économie nationale face aux chocs externes et l’inefficience des palliatifs à court terme se rapportant à des mesures de réduction des importations, alors que se pose la question d’un modèle de croissance peu générateur de richesses et de valeurs ajoutées, et peu producteurs en biens et services.
Il en ressort que les secousses ressenties sur le marché pétrolier et dans le secteur des hydrocarbures provoquent des ondes de choc à un point tel que des pans entiers de l’économie sont automatiquement fragilisés. C’est dire que le prochain Exécutif se trouvera confronté aussi bien à des casse-têtes immédiats d’ordres budgétaires et sociaux qu’à des défis de taille en raison des fragilités structurelles qui minent l’économie algérienne.
Celle-ci apparaît plus que jamais affaiblie par l’inertie des précédents gouvernements à l’égard d’une crise endémique, assimilée continuellement à une grisaille passagère née de la déprime du marché pétrolier.
Ali TITOUCHE