Les cours pétroliers mondiaux marquaient hier une légère régression, suite aux hésitations européennes à acter un embargo sur les hydrocarbures russes, après un sommet des 27 membres de l’Union européenne (UE) consacré à la question de la guerre en Ukraine. Hier, dans la matinée, rapportaient les agences internationales, le baril de Brent de la mer du Nord — cours de référence pour le pétrole algérien — cédait 0,66% à 118,24 dollars pour livraisons en mai. Le baril de West Texas Intermédiate (WTI), pour livraison le même mois, perdait, quant à lui, 1,17% à 111,03 dollars.
“L’incapacité des dirigeants de l'Union européenne à prendre une décision unanime sur l'arrêt des achats de pétrole et de gaz à la Russie a fait baisser les prix du pétrole”, explique Stephen Brennock, analyste chez PVM Energy, cité par l’AFP. En fin de semaine, les marchés pétroliers étaient surtout suspendus aux décisions pouvant émaner des sommets de l'Otan, du G7 et de l'Union européenne, qui se sont tenus jeudi à Bruxelles, un mois après le déclenchement de l'invasion russe en Ukraine.
Tout en prévoyant de sanctionner toute transaction impliquant les réserves d'or de la Russie, pour éviter que Moscou ne contourne ainsi les mesures d'isolement financières prises à son encontre, les pays du G7 et de l'Union européenne n’ont pas pu se mettre d’accord sur des sanctions plus sévères dont surtout un embargo européen sur les hydrocarbures russes. L’Europe reste en effet étroitement dépendante de la Russie pour ses approvisionnements en gaz et en pétrole. Les importations russes assurent à l'Europe 40% de ses besoins en gaz naturel et 30% pour le pétrole et à certains pays du Vieux Continent sont plus exposées que d'autres, à l’instar notamment de l’Allemagne qui dépend à 55% des importations de gaz en provenance de Russie. D’où la difficulté pour les Européens de dégager un consensus autour d’un arrêt des achats d’hydrocarbures russes. De son côté, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) aurait officiellement fait part de ses préoccupations à l'UE sur les implications que pourrait avoir un éventuel embargo sur les importations de pétrole russe, selon l’agence Reuters.
Cela étant, cette question d'embargo “refera probablement surface tant que la guerre entre la Russie et l'Ukraine se poursuivra, et la résurgence de ce sujet pourrait contribuer à ramener les prix du pétrole à leurs récents sommets”, estiment des analystes du marché. Selon ces derniers, le pétrole reste très sensible à la simple éventualité de nouvelles perturbations aggravant la pénurie mondiale d'approvisionnement, les conditions de marché tendues se prêtant à un environnement globalement favorable aux prix élevés. À souligner enfin que les États-Unis et l'Union européenne avaient annoncé hier la création d'un groupe de travail visant à réduire la dépendance de l'Europe par rapport aux hydrocarbures russes.
A. R.