Économie RÉSERVES DE CHANGES

Une perte de 4 milliards de dollars en quatre mois

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Ali TITOUCHE Publié 05 Septembre 2021 à 23:27

© Archives Liberté
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Sur  les  quatre  premiers  mois de  2021, les  réserves  de  changes ont continué de baisser pour atteindre 44 milliards de dollars.

La  bonne  rentabilité  du  baril  de  Brent  de  cette  année  a  permis  aux réserves de changes de l’Algérie de bénéficier d’une plus-value d’environ 0,25% au mois d’avril dernier, correspondant à quelque 100 000 dollars.

Cette plus-value est rendue possible grâce à une revalorisation d’environ 15 dollars des prix du brut entre janvier et avril 2021, estime Kamel Benkhabecheche, économiste, conseil en investissement, qui note, cependant, une contraction d’environ quatre milliards de dollars des réserves de changes de l’Algérie à l’issue des quatre premiers mois de l’année. 

“Sur les quatre premiers mois de l’année 2021, les réserves de changes (RC) ont continué de baisser pour atteindre 44 milliards de dollars, soit une baisse d’environ 4 milliards de dollars sur les quatre premiers mois de l’année. On notera, néanmoins, qu’au mois d’avril 2021, les réserves de changes ont augmenté de 0,25%, soit d’environ 100 000 dollars”, estime l’économiste, contacté par Liberté. 

Si le stock en devises avait pu être revalorisé en avril, conséquemment à une meilleure rentabilité du baril de Brent, l’érosion des réserves de changes — qui constitue un important indicateur de solvabilité du pays — n’a pu être enrayée, en l’absence de réformes budgétaires soutenues de nature à aider à rétablir la viabilité de la balance des paiements.

La fonte continue des réserves de changes de l’Algérie est intimement liée au déficit de la balance des paiements, lequel est alimenté essentiellement par l’excès de la dépense intérieure brute de l’ensemble des agents économiques, rapportée au revenu national. L’Exécutif semble vouloir restreindre davantage les importations des biens et des services pour tenter d’inverser la tendance sur la courbe de la balance commerciale et celle des échanges extérieurs. 

À coup de plusieurs mesures bancaires et administratives, le gouvernement entend ramener la valeur des importations de marchandises, cette année, à environ 30 milliards de dollars, contre une facture de 34,4 milliards de dollars à fin décembre 2020.

Dans sa quête de rétablir la viabilité des comptes extérieurs, le gouvernement est avantagé, cette année, par une remontée spectaculaire des prix du pétrole, culminant à plus de 70 dollars le baril, contre des plus bas historiques de 17 dollars le baril enregistrés en avril 2020. 

Selon ses projections, cette reprise des cours permettrait de porter les exportations d’hydrocarbures à plus de 23,63 milliards de dollars cette année, contre 20,19 milliards de dollars à fin 2020. Ce n’est, évidemment, pas suffisant pour résorber le déficit chronique de la balance des paiements et enrayer l’érosion des réserves de changes. 

Selon l’économiste Kamel Benkhabecheche, “il faut en même temps baisser la dépense publique et augmenter la collecte des impôts ; les deux actions freineront la demande intérieure et ainsi les importations”. “Lorsqu’on veut freiner la demande intérieure (domestique), il faut une politique monétaire restrictive.

Le but est d’inciter le consommateur à épargner plutôt que de consommer. Pour atteindre cet objectif, des taux d’intérêt créditeurs (placements) attrayants auront un impact sur la demande émanant des ménages et donc sur la demande de produits importés.

De plus, des taux d'intérêt attractifs draineront les liquidités thésaurisées vers les banques, ce qui devrait se traduire par un impact positif sur la liquidité bancaire et les crédits aux entreprises”, estime l’économiste, soulignant, sur sa lancée, que la dépréciation continue du dinar incite logiquement à ne pas épargner et, par conséquent, à consommer (hausse de la demande et donc des importations). 

Kamel Benkhabecheche précise que ces mesures relèvent d’une politique budgétaire et monétaire à court terme, voire conjoncturelle, et suggère de penser à la politique à plus long terme (structurelle) pour pouvoir rétablir durablement la viabilité des comptes extérieurs. 
 

Ali TITOUCHE

 

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