Éditorial

Cette jeunesse qu’on abhorre

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Hamid SAIDANI Publié 31 Janvier 2021 à 22:14

Comme toutes ses semblables à travers le monde, la jeunesse algérienne rêve de liberté, aspire à un avenir meilleur et ambitionne de contribuer à la construction d’un pays pour lequel parents et grands-parents se sont sacrifiés pour l’extirper du joug colonial. Maintenus dans un statut d’éternels mineurs, nos jeunes se sentent aujourd’hui étouffés par un système politique qui ne fait appel à eux que pour mieux les brimer. Le rajeunissement des personnels politiques et administratifs, tant promis, est resté au stade de discours sans prolongement notable sur le terrain. Mais le pire dans ce qui s’apparente à une politique d’assujettissement entreprise contre la jeunesse, et qui se poursuit aujourd’hui, réside, sans conteste, dans la perpétuation des réflexes éculés qui tendent à son musellement. 

L’insurrection citoyenne pacifique du 22 Février 2019 avait boosté, comme jamais, le moral de nos jeunes qui se sont instamment remis à espérer des lendemains enchanteurs dans leur pays. Le vent de liberté qui a soufflé en ses contrées a permis l’éclosion d’un formidable génie créatif nourri par le mouvement populaire. C’est que la jeunesse algérienne résiliente dispose de ces capacités et de cette énergie à rendre jaloux n’importe quelle nation. Mais au lieu de lui donner les moyens de réaliser ses rêves et de concrétiser ses aspirations, nos gouvernants s’échinent, au contraire, à accentuer la chape de plomb qui pèse sur elle, ne lui laissant guère le choix entre mourir à petit feu dans l’oisiveté ambiante ou périr en mer. 

Le sort réservé à cette catégorie sociale, qui constitue les trois quarts de la population, se dévoile à travers deux cas. Walid Kechida et Walid Nekiche. Le premier, jeune hirakiste sétifien, mais surtout artiste spécialisé en mèmes, ces dessins tournant en dérision des postures d’hommes politiques, avait été condamné en première instance à trois ans de prison. Rien que ça ! Heureusement qu’avec l’élan de solidarité envers lui, sa peine a été réduite, et il a pu ainsi quitter la prison après neuf mois de détention. Walid Nekiche, dont le procès en appel a lieu aujourd’hui, a, lui, fait les frais d’une certaine campagne de dénigrement de la révolution citoyenne, entreprise par les autorités de l’époque pour l’étouffer. Il fallait coûte que coûte démontrer cette rengaine de main étrangère imaginaire qui guide le Hirak. Des photos, prises lors d’une marche des étudiants à Alger et envoyées à son ami espagnol, sont, pour ses pourfendeurs, suffisantes pour le vouer aux gémonies. L’étudiant se morfond en prison depuis plus d’une année. C’est ainsi lorsque le supplice est érigé en mode de gouvernance. 

 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00