Le chef de l’Etat n’a pas beaucoup attendu, après son retour d’Allemagne, pour tenter de donner un coup d’accélérateur à son agenda politique. Il s’est donc engagé dans ce qui s’apparente à une course contre la montre afin de rattraper le temps perdu. L’éruption de la pandémie de coronavirus, il y a une année, avait complètement freiné sa démarche. Le seul projet politique qu’il a pu mener à bon port dans les conditions que l’on sait, reste la révision de la constitution.
Même si elle n’agrée par une partie des formations de l’opposition et de la société civile, l’approche de la Présidence a le mérite d’avoir secoué le cocotier et réanimé le débat politique, nécessaire à la recherche d’une sortie de crise pour le pays. Le pouvoir sait pertinemment qu’il lui est impossible de continuer à faire cavalier seul et à imposer ses choix.
Le fort taux d’abstention qui a caractérisé les deux derniers scrutins, l’élection présidentielle du 12 décembre 2020 et le référendum sur la Constitution, semble avoir donné à réfléchir à ceux qui détiennent la décision. Continuer dans cette direction sans tenir compte des attentes de la population et de la classe politique, c’est se tirer une autre balle dans le pied. Si ce n’est aller droit dans le mur.
Les tenants du pouvoir ont-ils réellement pris conscience des limites de leur méthode ? S’il est difficile pour le moment de préjuger de leurs intentions, l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays ne doit pas leur laisser une grande marge de manœuvre. Le fossé qui se creuse de jour en jour entre la population, dans toutes ses composantes, et le pouvoir politique est un signe qui ne trompe pas sur le niveau de confiance du citoyen dans les institutions.
C’est sans doute ce qui explique le processus lancé par le Président sous la forme de consultations avec certains partis de l’opposition. Certes, cette façon d’agir ne fait pas consensus au sein de la population qui réclame des révisions déchirantes dans la façon de gouverner le pays. Les autorités ont-elles réellement l’intention d’aller vers les changements profonds tels que promis dans le cadre de “l’Algérie nouvelle” ? En tout cas, les Algériens sont aujourd’hui pleinement en droit d’attendre de vrais actes, à la hauteur de leurs espérances.