Le gouvernement veut rapidement accroître le volume des exportations hors hydrocarbures afin de relever les recettes en devises et faire face, ainsi à l’amenuisement des réserves de changes. L’équation paraît simple à résoudre. Mais entre vouloir et pouvoir il existe un abysse qu’il faudra enjamber.
À entendre les responsables discourir sur le sujet, on croirait presque que les solutions aux maux, du reste nombreux de notre économie, vont être trouvées en un claquement de doigts. Pourtant, tout le monde sait, y compris ceux qui n’ont pas une grande maîtrise du fonctionnement de l’économie, qu’il ne suffit pas de s’épancher interminablement sur un dossier pour se targuer d’avoir réussi l’impossible.
De là à fixer comme objectif des exportations d’un montant de 4 milliards de dollars pour l’année en cours, il faut dire qu’il s’agit là d’une ambition, d’emblée démesurément exagérée. Non pas qu’un tel projet soit, dans l’absolu irréalisable. Le problème se trouve dans le fait que les conditions politiques, juridiques et matérielles à même de propulser notre pays dans la sphère des économies exportatrices sont loin d’être réunies.
N’est-ce pas qu’il faut d’abord disposer, et c’est là un élément de base, d’une économie productrice pour pouvoir prétendre exporter. Au vu du niveau de santé générale de l’économie algérienne, il va sans dire que nous sommes encore loin, très loin des standards internationaux. Loin s’en faut. Toute la machine est, depuis des décennies, amarrée aux hydrocarbures que l’on extrait et que l’on vend en l’état sans que nos gouvernants aient eu l’intelligence d’opérer la transformation nécessaire pour pouvoir tirer le meilleur des immenses ressources naturelles que recèle le pays.
La plus-value du secteur pétrolier aurait pu être multipliée par dix ou vingt, voire plus, si l’on avait développé une véritable industrie de raffinage qui permettrait de placer sur le marché international des produits bien plus rentables que la vente directe de la matière première. Une preuve si besoin est de l’absence d’une vision économique au niveau de la plus haute échelle de la gouvernance. Mais ce n’est pas que là que le bât blesse.
L’emprise de la bureaucratie et du populisme sur la gestion des affaires publiques fait qu’aujourd’hui, aucun secteur économique, en dehors peut-être de l’agriculture, n’offre une alternative solide aux exportations d’hydrocarbures. Pourtant, il suffit à ceux qui tiennent les rênes de tendre l’oreille vers les acteurs économiques, en l’occurrence les opérateurs, et les experts pour trouver les solutions les plus pertinentes. Mais, à la fin cela aussi demeure tributaire de l’existence d’une volonté politique de changer les choses.