Le gaz naturel, hydrocarbure fossile à base de méthane, fait désormais courir le monde entier. À commencer par le voisin marocain, avec lequel l’Algérie a décidé de couper complètement les ponts et, partant, de lui couper aussi le gaz, dès le prochain anniversaire du déclenchement de la Révolution, ce lundi, 1er novembre 2021.
Peu disponible et donc forcément trop cher, en raison d’une reprise économique plus rapide qu’attendue, le gaz devient un souci majeur pour l’Europe et l’Asie, particulièrement à l’approche de l’hiver où la demande grossit naturellement pour des besoins de chauffage et d’électricité. Sur ces entrefaites, l’Algérie, grand pays gazier, partenaire fiable et indispensable pour réchauffer une Europe de l’Ouest — souvent en froid avec son grand fournisseur russe — décide tout simplement de faire valoir ses atouts géopolitiques en privant son “ennemi le roi” du milliard de mètres cubes de gaz algérien auquel il avait jusqu’ici droit.
Pour le Maroc, ces volumes annuels d’or bleu, désormais inaccessibles avec l’extinction décidée par Alger du gazoduc Maghreb-Europe (GME), pouvaient garantir pas moins de 12% de sa production nationale d’électricité. Dès lors, le royaume entreprend désespérément de récupérer d’Espagne ce qu’il vient de perdre à Alger, en négociant avec Madrid de possibles réimportations de gaz algérien… ! La péninsule ibérique, l’Espagne en particulier, s’inquiète, elle, de ne pas avoir de gaz en quantités et prix satisfaisants pour le prochain hiver une fois rendu caduc l’accord sur le gazoduc qui l’alimentait auparavant via le Maroc.
Alger, pour sa part, assure que le royaume n’aura plus droit à son gaz, tout en rassurant Madrid que ses besoins en approvisionnement énergétique continueront à être garantis en toutes circonstances via le gazoduc Medgaz et des méthaniers supplémentaires, si besoin est. La géopolitique du gaz étant ainsi faite, l’Algérie semble en définitive avoir toutes les cartes en main pour dessiner la géographie énergétique qui lui sied… Du moins au sein de son propre espace régional.
Le tout est de se projeter sur le long terme en veillant à ne pas contrarier ses traditionnels clients européens, surtout dans un contexte de très forte concurrence… ■