Éditorial

Karèche, l’incassable

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Hassane OUALI Publié 20 Octobre 2021 à 10:50

Digne et fier. Incassable. Notre journaliste Rabah Karèche a enfin quitté sa cellule au terme de six mois d’incarcération aussi absurde qu’arbitraire. C’est une dure épreuve pour lui, pour son épouse, ses enfants et sa grande famille, qui prend fin. Mais une épreuve dont il sort plus que jamais déterminé, renforcé dans sa conviction de poursuivre sa mission, celle d’informer librement. Indomptable, la prison n’a pas eu raison de son engagement. “J’ai hâte de reprendre mon métier”, s’est-il empressé de déclarer à peine les lourdes portes du pénitencier de Tamanrasset franchies. Le journalisme est, pour lui, plus qu’une profession. Une vocation. Une passion chevillée au corps. Aux antipodes d’un journalisme de complaisance et de connivence - en vogue -, Rabah Karèche porte courageusement sa plume dans les plaies béantes d’un pays malmené. Soulève des lièvres et jette la lumière sur des zones d’ombre et sombres. C’est un choix qui déplaît et intranquillise. 

N’ignorant rien des risques et des menaces qui pesaient sur lui en raison de ses écrits, ce vigile du Grand Sud n’a jamais songé à renoncer. Il savait qu’il allait payer chèrement le prix de sa liberté. Mais abandonner, c’est trahir sa conscience, trahir la confiance que plaçaient en lui ses lecteurs venus nombreux hier saluer son courage. “Rabah est notre lanterne”, témoigne l’un d’eux. Karèche n’est pas homme à courber l’échine ou à détourner le regard. Il est l’honneur de la presse, la fierté de sa rédaction, mais surtout, il sera pour toujours la mauvaise conscience de ceux qui ont décidé de le renvoyer au cachot. 

Désormais, ce sont ses “bourreaux” qui baisseront les yeux. Parce que tout le monde, à Tamanrasset comme à Alger, sait que le journaliste de Liberté n’avait pas à être poursuivi, condamné et emprisonné. Ses écrits mis en cause sont aussi inattaquables qu’irréprochables. Mais, il fallait punir ce chroniqueur qui dérange. Lui infliger un châtiment pour l’exemple. Peine perdue. De cette séquence peu glorieuse pour la presse et l’Algérie, Rabah Karèche est sorti triomphant. Il a vaincu, les autres ont perdu. Enfermé durant six longs mois, Rabah Karèche était libre. Pas les autres. Mais rien de réjouissant de cette triste histoire dont il faudra tirer les conséquences. Mettre un journaliste en prison pour ses écrits est signe d’une défaite politique et morale. C’est renvoyer le pays à une époque que l’on croyait révolue. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00