Éditorial

Khelil ou l’Algérie humiliée

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Hassane OUALI Publié 02 Février 2022 à 00:10

Lorsque le défunt Département du renseignement et de la sécurité (DRS) s’intéressait aux “magouilles” de Chakib Khelil, le Président de l’époque, Abdelaziz Bouteflika, avait violemment riposté en ciblant le général de corps d’armée  Mohamed Mediène, dit Toufik. Il faut dire qu’à l’époque, le général Toufik, malgré sa légendaire discrétion, avait fait savoir qu’”en détournant 200 millions de dollars, Chakib Khelil a bu le sang des martyrs”. Et c’est à ce moment-là que Bouteflika a décidé d’engager une “guerre” totale contre le patron du DRS et fait subir à l’appareil un démantèlement en règle. 

Sauver un corrompu, quitte à mettre en péril tout un pays ! Si le Président s’était séparé de son ami Khelil –la mort dans l’âme – il ne pardonna jamais au général Toufik d’avoir ordonné des enquêtes sur la grande corruption dans le stratégique secteur de l’énergie. La suite est connue. Le général Toufik est remercié au terme d’une infâmante campagne politique confiée, entre autres, au “très nationaliste” Amar Saadani, pendant que Chakib Khelil est exfiltré et mis à l’abri aux Etats-Unis. Une impunité assurée. Faut-il rappeler qu’à cette époque, l’inénarrable Saadani avait déclaré honteusement que “le meilleur ministre qu’a connu l’Algérie depuis l’indépendance est Chakib Khelil” et que “le dossier de corruption le visant est préfabriqué”. Et au cours de la même intervention télévisée, il avait déclaré à la face des Algériens que “l’indépendance leur a été octroyée par le général de Gaulle” ! Pour protéger encore mieux le soldat Khelil, le  pouvoir avait même fait annuler le mandat d’arrêt international lancé contre lui. Cet épisode peu glorieux illustre tristement le forfait commis contre le pays. 

Des années après et grâce à l’insurrection citoyenne du 22 Février, la justice s’empare de l’affaire Khelil, jugée depuis hier au tribunal d’Alger. Mais sans la présence du principal accusé. Sentant le vent tourner quand la colère algérienne s’est élevée, Khelil interrompt brusquement ses tournées dans les zaouïas et rentre “chez lui”, aux Amériques. Il fait un bras d’honneur à la justice qui le réclame. Il est reparti là où il avait été envoyé pendant la guerre, bénéficiant d’une bourse d’études quand ses camarades montaient au maquis révolutionnaire.  Pour des hommes comme lui, l’Algérie n’est bonne que lorsqu’on se sert sans limite, contrairement aux jeunes qui croupissent en prison. 

Mais au-delà de l’aspect judiciaire – de surcroît essentiel – l’affaire Khelil et toutes les autres affaires, aussi scabreuses que scandaleuses, c’est la nature de la gouvernance du pays qui est en cause. Comment, à l’ombre d’un patriotisme éhonté, des dirigeants de premier plan ont pu avoir des comportements maffieux ? Mais par dessus tout, la question centrale qui interpelle est de savoir comment éviter qu’à l’avenir, ce type de dérive ne se reproduise plus ou que d’autres Khelil n’apparaissent. Si, en effet, les dirigeants corrompus sont des acteurs de cette dérive, ils sont surtout les symptômes d’une mal-gouvernance où la reddition des comptes constitue l’angle mort. Le meilleur remède est d’injecter plus de démocratie et d’élargir au maximum le champ de la transparence dans la gestion des affaires publiques.  ■

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00