Éditorial

La fin de l’État...

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Hassane OUALI Publié 30 Janvier 2021 à 22:54

C’est devenu la règle qui supplante la loi. L’équation irrationnelle “hallal-haram” se substitue à la logique rationnelle et scientifique. Le recours systématique aux fatwas pour faire passer une décision ou convaincre de sa pertinence met dangereusement en question l’idée de la République. Son champ se réduit outrageusement pour céder l’espace aux apprentis sorciers. Et ils sont nombreux. 

À force de chercher la légitimation chez les “religieux”, les agents gouvernementaux creusent la tombe de l’État. Consciemment ou pas, ils érigent à la place une autre forme de gouvernance dont le fondement serait une constellation d’archaïsmes. Le défaut de légitimité, couplé aux élaborations hasardeuses, ne peut être comblé par une caution religieuse. Ce jeu de confusion des autorités et des compétences est dangereux. Parce qu’il donne lieu à une instrumentalisation “mutuelle” et pernicieuse à l’issue funeste. La société subit de plein fouet les méfaits de cette collusion. 

Le matraquage des téléprédicateurs – promus et subventionnés – fabrique des monstres et des drames. La journaliste Tinhinane est aussi victime d’un discours bigot dominant qui a amené son conjoint à vouloir l’enfermer entre les quatre murs de sa cuisine. Les faux dévots font l’opinion et les lois dans les quartiers. Considérant qu’ils sont majoritaires et influents sous le regard permissif des institutions et de leurs responsables. Certains agents de l’État ne se réfèrent plus à la législation, mais plutôt aux avis religieux entendus dans les mosquées dont certaines sont sous l’emprise de la doctrine wahhabite. La police des mœurs se réinstalle dans le paysage social. L’Algérie a déjà expérimenté cette manière de voir et de concevoir la vie citoyenne.   

L’État a pour vocation de fixer les règles et surtout de délimiter nettement la frontière entre les champs. Il n’a pas à se soumettre aux jugements des “muftis”. Une Constitution n’a pas à être “hallal”. Seul un libre arbitrage citoyen peut lui donner force et puissance. Elle ne relève pas du domaine du sacré. Voir un professeur de médecine présidant une autorité scientifique allant chercher arguments et preuves chez une autorité non habilitée marque la défaite de la pensée, de la science et de la raison. Il faut vite mettre un terme à cette insoutenable légèreté dans la gestion des affaires publiques.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00