Éditorial

La prison n’est pas une solution

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Hassane OUALI Publié 29 Janvier 2022 à 02:06

Il reste en prison. Ali Ghediri ne retrouvera pas sa liberté de sitôt. Son procès en appel a confirmé la sentence prononcée en première instance. Pas de remise de peine. Comme lui, beaucoup de détenus d’opinion croupissent en prison. Certains sont condamnés, d’autres attendent depuis de longs mois leur procès. La menace d’emprisonnement pèse aussi sur d’autres militants.

Le placement sous contrôle judiciaire du président du RCD, Mohcine Belabbas, confirme cette tendance lourde qui a créé un climat  de peur générale sans précédent dans le pays. Au point où ceux qui avaient pour habitude d’exprimer leurs opinions politiques et économiques publiquement se sont tus. Un silence qui a asséché littéralement le débat public, au moment où le pays en a grandement besoin pour aider à résoudre les crises qui s’accumulent. Ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on fera baisser la fièvre. 

Loin d’être une coquetterie intellectuelle, la confrontation des idées relève d’une exigence politique permanente, parce qu’elle permet de mieux comprendre l’état de la société, ses aspirations et ses colères. Elle aide à saisir les enjeux nationaux et internationaux. Et, par-dessus tout, il s’agit d’un droit quasi naturel, celui de l’exercice plein et entier de la citoyenneté. 
Cette peur ne paralyse pas seulement les porteurs d’idées et d’opinions, elle tétanise aussi ceux qui font fonctionner l’appareil de l’État.

Du bas jusqu’au sommet de la pyramide administrative nationale, les fonctionnaires s’arrangent pour ne pas signer, prendre de décision ou encore moins pour lancer des initiatives. L’ambiance est la même dans le secteur économique. Elle est renforcée par le maintien de la criminalisation de l’acte de gestion, alors que l’Exécutif s’est engagé depuis deux ans à faire disparaître cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des gestionnaires. Un danger permanent qui peut frapper à tout moment. 

Le pays ne peut plus s’accommoder d’une situation aussi contre-productive que paralysante. La prison ne peut être une réponse aux aspirations des Algériens. Elle ne peut aucunement constituer une solution aux problèmes qu’ils soulèvent, elle les aggrave. Un État fort et moderne a pour mission de rassurer ses citoyens et, surtout, d’admettre les clivages qui traversent la société. Il n’a pas vocation à terrifier. Par le passé, la pensée unique a conduit le pays vers les abîmes. . ■

 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00