Le 19 Mars 1962, qui marqua la fin de la guerre d’Indépendance après sept années de sanglants affrontements armés, a été consacré fête de la Victoire sur un système colonial dont la fin était inéluctable. Le mouvement de l’Histoire a accéléré le cours des événements, mettant au pied du mur ceux qui voulaient coûte que coûte maintenir l’Algérie sous le joug d’un colonialisme inique dont les Français eux-mêmes avaient fini par découvrir le vrai visage, et ce, malgré l’ampleur de la propagande officielle.
Le cessez-le-feu proclamé à cette date, après d’âpres négociations entre les deux délégations (GPRA et gouvernement français), ne venait pas seulement mettre un terme à une effroyable guerre qui s’est étendue aux territoires de l’Hexagone, mais, plus que tout, il sonnait le glas de la longue nuit coloniale. La cessation des hostilités constituait un premier grand point de rupture dans la rude bataille pour l’indépendance. Le peuple algérien qui a tant souffert, 132 ans durant, des pires ostracismes, entrevoyait à ce moment-là le bout du tunnel. Inexorablement, l’affranchissement du système colonial et la réappropriation de la souveraineté devaient, au bout du processus, couronner une farouche et implacable lutte que le monde a rarement connue. Et ce ne seront pas les abominables soubresauts de la bête immonde nommée OAS qui allaient freiner le cours de l’Histoire.
La célébration, aujourd’hui, de l’une des pages les plus prestigieuses du récit national, demeure certes un devoir pour tous, en ce sens qu’elle participe à perpétuer dans la mémoire collective le souvenir du combat libérateur. Mais elle nous impose dans le même temps une sincère et sérieuse introspection sur notre condition d’affranchis du système colonial, aspirant, comme tous les peuples du monde, à une vie digne et apaisée. Si les Algériens se sont élevés contre le colonialisme, c’est parce que ce dernier les a fait citoyens de seconde zone quand il ne les a pas considérés comme des pestiférés, des moins que rien, des candidats potentiels à l’échafaud à la moindre récrimination. Soixante ans après l’accession à l’indépendance, force est de constater que beaucoup reste à faire pour être à la hauteur du sacrifice des Martyrs.
Davantage qu’une conduite de la façon la plus rigoureuse des affaires publiques, les Algériens ont besoin, plus que jamais, d’un discours d’apaisement et de rassemblement. Les prémices de l’émergence d’un nouvel ordre mondial, résultant des bouleversements provoqués par la guerre en Ukraine, doivent donner à réfléchir à tout un chacun, sur la façon dont nous devons affronter les menaces grandissantes et de plus en plus nombreuses qui se profilent. ■