La remontée soutenue des prix du pétrole ouvre de nouvelles perspectives à l’Algérie pour privilégier la mise en œuvre de grandes réformes structurelles, telles que la modernisation des systèmes financiers et fiscaux, l’amélioration du climat des affaires et la débureaucratisation de l’acte d’investir. Longtemps sacrifiée sur l’autel des besoins conjoncturels et des dépenses à l’importation, la mise en place de réformes économiques profondes devrait, désormais, constituer un enjeu prioritaire pour les pouvoirs publics. Toute proportion gardée — en raison de la nature imprévisible des marchés mondiaux —, la hausse actuelle des prix du pétrole semble bien partie pour durer, selon la plupart des prévisions.
Quand bien même l’impact bouleversant de la guerre en Ukraine viendrait à s’effilocher dans les semaines à venir, l’état de l’offre et de la consommation mondiale de brut devrait sans doute continuer à favoriser un cycle de prix pétroliers stable autour de 90 à 100 dollars. Pour l’Algérie, cette nouvelle conjoncture favorable devra permettre, dans un premier temps, de ramener rapidement les indicateurs macroéconomiques à l’équilibre. Après plusieurs années de creusement, les déficits financiers externes commencent déjà à se résorber à la faveur de l’amélioration des revenus pétroliers du pays. L’emballement observé actuellement des prix de l’or noir devra permettre de consolider cette tendance, ce qui se traduira par des soldes relativement excédentaires de la balance commerciale et, partant, de la balance des paiements.
L’Algérie devrait, dès lors, retrouver un nouveau cycle positif de reconstitution de ses réserves de changes ; gage d’une solvabilité à l’international et d’un retour à la stabilité de ses fondamentaux économiques. Bien que nécessaires et positifs, ces rééquilibrages macrofinanciers ne devraient, cependant, pas constituer une fin en soi. Pour éviter les ratages désastreux de la décennie précédente, l’argent “très volatile” du pétrole ne doit pas être géré comme une richesse, mais comme une ressource fragile qu’il faudrait bien exploiter pour affranchir l’économie nationale de sa dépendance à la rente. L’amélioration des revenus d’hydrocarbures n’offre, en définitive, à l’Algérie, que l’opportunité d’une nouvelle marge de manœuvre pour financer et concrétiser des réformes indispensables à la diversification de son économie. ■