Éditorial

Trêve de charlatanisme

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Arab CHIH Publié 30 Janvier 2021 à 08:39

Voici une plaisanterie de mauvaise foi qui, s’ils venaient à en prendre connaissance, arrachera  un sourire mi-moqueur mi-indulgent aux scientifiques des grands laboratoires qui, des mois durant, s’étaient grillé tant de neurones pour trouver un remède à une pandémie mortifère, puis fait tant d’essais pour s’assurer de son efficacité avant de le mettre sur le marché, au grand bonheur de l’humanité traumatisée et inquiète. 

À la veille de l’arrivée du vaccin anti-Covid en Algérie et du début de l’opération de vaccination des Algériens, des fonctionnaires du ministère des Affaires religieuses et des imams, regroupés au sein de la commission ministérielle de la fatwa, ont pondu, jeudi 28 janvier, un communiqué dans lequel ils ont décrété, calés dans leur fauteuil, le vaccin anti-Covid “hallal” ! Pis encore, les membres de cette auguste commission ont entendu (rien que cela !) le porte-parole du Comité scientifique, le Pr Djamel Fourar, qui était amené à donner “des clarifications” et à présenter “un ensemble de données scientifiques confirmant que la vaccination contre la Covid-19 est indispensable pour faire face à cette pandémie” pour donner, ensuite, un “quitus religieux” au vaccin comme à la campagne de vaccination qui débutera aujourd’hui. 

Depuis quand et dans quel autre pays du monde un scientifique justifie-t-il le recours à un médicament auprès de grands profanes? Au nom de quoi des fonctionnaires ou des hommes de religion, départis de toute humilité, osent-ils émettre un avis, religieux ou non, sur un produit dont ils ne maîtrisent ni le processus de fabrication ni la nature de ses composants ? Passons sur le fait qu’un malade atteint du coronavirus se souciera comme d’une guigne d’un avis très peu crédible émis par un non-spécialiste sur un remède qui pourra lui faire retrouver sa santé. 

Rappelons aussi un fait : en mars 2020, au plus fort de la pandémie de coronavirus, cette même commission avait décidé de maintenir la grande prière du vendredi, dans les mosquées, mettant ainsi en danger la vie des fidèles. C’est dire le peu de sérieux de ses avis. Mais ce qui est gênant dans cette affaire, c’est cette propension, à la limite de la morbidité, des Muftis en tout genre à régenter la vie des Algériens et à fourrer leur nez dans des domaines où ils n’ont aucune compétence.

À croire que nous sommes dans un État théocratique et non pas dans une République régie par des lois. Aussi, il est peut-être temps de mettre fin à ce charlatanisme qui ne dit pas son nom et de délimiter sereinement le champ des compétences du religieux qui ne doit pas émettre des fatwas à tort et à travers. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00