Le président français, Emmanuel Macron, s’est contenté d’un minimum pour la cérémonie de l’anniversaire des sanglants événements du 17 Octobre 1961. Une cérémonie où il est resté silencieux alors que le communiqué de l’Élysée est truffé de mots savamment dosés. “Hommage à la mémoire de toutes les victimes” d'une “tragédie longtemps tue, déniée ou occultée”, est-il écrit dans le communiqué qui évoque une répression policière - “brutale, violente, sanglante”. Mystère, d’autant plus que l’on attendait de lui qu’il fasse des annonces ou qu’il prenne des mesures à la hauteur de la tragédie du 17 Octobre 1961, qu’il a d’ailleurs reconnue : “Une tragédie longtemps tue.”
Une gerbe de fleurs, un silence, une atmosphère solennelle qui n’aura finalement duré qu’une demi-heure. Autant dire que la cérémonie a été simplement symbolique. Parce que Macron ne voulait pas aller plus loin que cette reconnaissance formelle. Sa prestation a donc été réduite a minima. Une sortie sans importance. Car, peut-on supposer, un pas de plus de Macron dans la reconnaissance d’un crime d’État, comme le suggère l’historien M. Harbi, pourrait ouvrir la boîte de Pandore et déterrer le passé colonial de la France. Perspective qui induit des dédommagements des victimes ou de leurs descendants, mais portera, à coup sûr, un préjudice moral pour le pays qui porte cette période de son histoire comme une hantise. C’est aussi, par effet domino, la voie ouverte pour l’indemnisation de toutes les anciennes colonies. Évidemment, la France n’est pas prête à une telle décision. Surtout pas dans la conjoncture actuelle caractérisée par la précampagne pour la présidentielle de 2022.
Des considérations et des contingences politiques franco-françaises, souvent liées à la situation interne du pays, concourent au report de la reconnaissance de cette page noire par l’État français. Ce qui, bien entendu, entretient l’étincelle de la tension entre la France et l’Algérie, prête à s’allumer à la moindre déclaration inappropriée ou inopportune. C’est le cas, en ce moment, mais l’Algérie n’en a cure.