Attribuées à dose homéopathiques depuis plusieurs années déjà, les aides à l’habitat rural sont devenues un véritable casse-tête chinois à la fois pour les autorités et pour les postulants dans la commune de Béni Douala, où les services techniques concernés ont reçu un nombre impressionnant de demandes. “Les aides à l’habitat rural n’arrivent qu’au compte-goutte. Actuellement, nous enregistrons 1 200 demandes d’aide au niveau du service de l’urbanisme. Durant le mandat précédent, on ne nous a octroyé que 55 aides de 70 millions de centimes. C’est un problème épineux”, affirme le nouveau président de l’APC, Nadour M’hemed, précisant que la commune compte 96 cas toujours en litige, dont certains remontent à 2002.
“Pour régler ces situations, l’APC a adressé des mises en demeure aux concernés, nous avons même annulé certaines décisions, mais il y a des cas où l’APC ne peut rien faire”, souligne le maire, qui estime qu’en réalité c’est à la Caisse nationale du logement (CNL) d’intervenir pour récupérer son argent lorsque des bénéficiaires ont perçu le montant de l’aide et qu’ils n’ont pas achevé leurs habitations. “L’APC n’est pas habilitée à ester en justice ces bénéficiaires défaillants”, considère-t-il, non sans appeler les autorités concernées à attribuer un programme conséquent en la matière pour pouvoir prendre en charge toutes les demandes en attente.
Cela, d’autant que la commune de Béni Douala, dit-il, vit une réelle crise du logement. “La crise du logement est une réalité amère à Ath Douala”, se plaint notre interlocuteur, qui explique cette situation en premier lieu par l’absence de foncier qui empêche toute réalisation de programme de logements dans le cadre des différentes formules existantes. Lors d’une virée dans la commune, le constat est sans appel. Plusieurs familles habitent encore dans des maisons en terre battue. Soixante ans après l’indépendance, des centaines de familles vivent encore dans des conditions précaires. Une précarité accentuée par les blocages dont fait l’objet cette seule alternative d’aide à l’habitat rural, dont disposent les citoyens, pour aspirer à un logis décent. “J’ai déposé mon dossier de demande d’aide dans le cadre à l’habitat rural depuis 2012, et à ce jour je ne vois rien venir, pourtant mon dossier est ficelé et ne souffre d’aucun manque”, nous dira Saïd, un demandeur du village Icherdiouène. Comme lui, ils sont plusieurs sur tout le territoire de la commune, à l’image de Mohamed, père de famille du village Tagmount Oukerrouche.
“À mon âge et avec mes trois enfants, j’habite toujours chez mes parents faute de logement. La commune ne dispose pas de logements sociaux, donc j’ai déposé une demande d’aide dans la formule de l’habitat rural depuis de nombreuses années, mais on me dit toujours d’attendre”, dit-il amèrement. Selon le wali qui s’exprimait récemment, il y a quelque 6 000 aides à l’habitat rural qui ne sont pas consommées par leurs bénéficiaires et que c’est ce qui empêche les autorités locales de réclamer de nouveaux programmes. Seulement, même si ces aides venaient à être réattribuées, le problème serait loin d’être réglé, tant le nombre de demandes encore en attente dépasse, selon le P/APW, largement les 20 000 à travers tout le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou.
HOCINE T.