Pour les saveurs qui ont fait la spécificité du mois sacré, le citoyen n’est pas encore au bout de ses peines. Les délices de ce mois ne sont plus des priorités.
Au dixième jour du Ramadhan, les jeûneurs à Jijel tentent de s’accrocher tant bien que mal aux habitudes d’un mois qui semble perdre de son originalité. À la cherté des produits de large consommation qui contribuent à chambouler ces habitudes, c’est le dépit de faire face à un mois qui avance avec la même ardeur et intensité des prix qui flambent, qui rend difficile un tel contexte. Dans les marchés, on préfère scruter les prix avant de mettre la main à la poche pour s’offrir l’essentiel.
L’espoir de voir les prix baisser au fur et à mesure que ce mois avance reste un vœu pieux. Le poulet, qui se stabilise entre 400 et 420 DA, le kilo, tient d’abord la dragée haute aux consommateurs à bas revenu qui n’ont plus les moyens de goûter à la viande rouge. La viande rouge est pour les plus nantis. La réalité est encore plus cruelle lorsque dans les marchés, les fruits sont de bout en bout boudés.
La fraise de production locale, la plus abordable des fruits, est à 250 DA le kilo. Alors que la banane importée fait parler d’elle et devient un produit de luxe, à Jijel, le prix de ce fruit produit localement ne baisse pas non plus. “Il faut donner la chance aux jeunes d’investir dans ce créneau pour augmenter la production”, se contente de réagir un producteur de ce fruit, qui refuse de s’attarder sur le prix de la banane produite dans ses serres.
Toutefois, ce prix semble suivre la même tendance haussière que celle de la banane importée, puisqu’il atteint les 500 DA le kilo. Pour rappel, ce jeune agriculteur s’est lancé dans la production de la banane avec le soutien de l'Agence nationale d'appui et de développement de l'entrepreneuriat (Anade).
Les autres produits ne sont pas en reste et c’est encore la pomme de terre qui est au rendez-vous pour tenir la dragée haute aux consommateurs. En dépit des tentatives de déstockage des quantités de ce produit pour réguler le marché, son prix continue de grimper pour atteindre les 120 DA le kilo.
Pour les saveurs qui ont fait la spécificité du mois sacré, le citoyen n’est pas encore au bout de ses peines. Les délices de ce mois ne sont plus des priorités. Et pour cause, la zlabia et kalbellouz, rois de confiseries et des gâteaux du Ramadhan, ne sont plus indispensables pour garnir la table à l’heure de la rupture du jeûne.
Dans un contexte de pénurie et de hausse du prix de certains de leurs ingrédients, ils ne peuvent que s’inscrire dans le registre des produits à bannir de cette table. Le kalbellouz de Chekfa, rendu célèbre à ses périodes fastes, garde toutefois intacte sa réputation.
Les boutiques spécialisées dans sa fabrication attirent les inconditionnels clients, venant de plusieurs localités de Jijel. À El-Milia, c’est l’incontournable zlabia de Boutias qui est au rendez-vous pour allécher les jeûneurs.
Très cotée dans la région, elle attire des clients de passage dans cette agglomération périphérique aux abords de la RN 43, qui connaît une intense activité commerciale. Au-delà des senteurs et des saveurs de ce mois, les nouvelles habitudes de consommation semblent imposer une prudence dans les dépenses. S’offrir l’essentiel et ne pas se laisser aller dans des dépenses inutiles est la conduite adoptée pour faire face à ce contexte d’inflation dans un mois censé être de piété et de la rahma.
Amor Z.