“Selon les études archéologiques de deux Français, ce site a servi à la fabrication d'objets de l’industrie lithique”, selon Nabila Lounaci, conservatrice du patrimoine culturel à la direction de la culture.
Le site archéologique d’Azru n’Tamarth, dans la vallée de Draâ El-Mizan (sud-ouest de Tizi Ouzou), attend toujours son classement. En effet, si ce site a été contourné et évité par le passage de la pénétrante vers l’autoroute Est-Ouest, il n’est toujours pas encore pris en charge. Un grand rocher accroché à des falaises surplombe ce lieu-dit Azru n'Tamarth. De loin, rien n'est visible sur ce site rocailleux. Lorsqu'on s'approche des roches, on voit des inscriptions peu lisibles à cause des aléas du temps.
Par conséquent, des démarches ont été entreprises par les représentants de l'association du village pour que ce site soit daté et classé comme patrimoine culturel de la région. “Lorsque les travaux de la pénétrante ont été lancés en 2014, nous avons fait des démarches auprès de la direction de la culture de wilaya. Une délégation de cette dernière, un représentant des travaux publics et celui de l’Algérienne des autoroutes, s’est déplacée sur les lieux.
La décision a été prise et le tracé de cet axe routier a été modifié afin d’éviter de piétiner ce site archéologique. De notre côté, nous avons placé des panneaux interdisant tout passage sur ce site d’autant plus que ce dernier n’a pas encore livré tous ses secrets”, se rappelle Akli, l’un des signataires de la pétition appuyée par les cachets de nombreuses associations de la région.
Depuis, nous dit-on, rien n’a été fait pour classer cet endroit comme patrimoine ni de la wilaya ni national. “C’est un site qui remonte à l’ère protohistorique. Celle-ci est la période du néolithique. C'est-à-dire la période de transition entre la préhistoire et l’histoire. En somme, c’est entre le troisième millénaire et le premier millénaire avant Jésus-Christ.
Donc, il peut être daté de cette ère”, explique, pour sa part, Nabila Lounaci, conservatrice du patrimoine culturel à la direction de la culture. Notre interlocutrice ajoute : “Selon les études archéologiques de deux Français, ce site a servi à la fabrication d'objets de l’industrie lithique.
En archéologie et en archéologie préhistorique en particulier, l’industrie lithique désigne l’ensemble des objets en pierre taillée, pierre polie et matériel de mouture. Ces objets sont l’œuvre de l’homme”, explique-t-elle encore.
En plus, ce site contient de l’art rupestre. Cette représentante de la direction de la culture rassure que ce site pourra être classé et protégé en le clôturant en assurant sa protection, et deviendra dans un premier temps un monument du patrimoine culturel de la wilaya.
Seulement, apprend-on, que sa prise en charge ne sera garantie si et seulement les oppositions des propriétaires terriens sont levées. Les représentants des associations comptent relancer leurs démarches pour ne pas perdre un tel monument eu égard à son importance notamment pour encourager les touristes à le visiter.
“C’est un devoir pour nous de ne pas lâcher prise. Il est absolument impossible que nos efforts soient conjugués pour obtenir le classement d’Azru n’Tamarth. C’est un monument qui sortira notre localité de son isolement d’autant plus que la pénétrante vers l’autoroute Est-Ouest n’est qu’à quelques dizaines de mètres de ce site”, estime Rabah, un riverain.
En tout cas, Nabila Lounaci espère que ces oppositions seront levées de sitôt. “Nous n’avons pas beaucoup de sites dans notre wilaya qui remontent à la protohistoire. Son classement comme site archéologique permettra de mener des recherches dans cet endroit pour encore livrer tous les secrets qu’il cache. C’est aussi un plus pour notre wilaya. Lorsque les oppositions seront levées, toutes les dispositions nécessaires pour sa protection seront prises”, conclut-elle.
O. Ghilès