L’Algérie profonde BORDJ BOU-ARRÉRIDJ

Le village de Zenouna veut sortir de l’oubli

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Chabane BOUARISSA Publié 23 Février 2022 à 14:41

Zenouna, à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya, semble vivre à une autre époque. © D. R.
Zenouna, à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya, semble vivre à une autre époque. © D. R.

Faute  de  moyens  et  d’emploi  pour  une  vie  descente,  certains prennent leur mal en patience pendant que d’autres recourent à la débrouille pour avoir de quoi nourrir leur famille et échapper au triste destin de ces dizaines de chômeurs diplômés de la région.

Situé seulement à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, le village de Zenouna (commune d’El-Achir) semble vivre à une autre époque, loin des projecteurs et des préoccupations des autorités comme des élus locaux.

“Depuis des années, nous n’avons eu de cesse de soulever ces problèmes, en vain”, soutiennent les villageois rencontrés à Zenouna, où la seule route qui relie le village attend toujours d’être réhabilitée. “Nous avons à moult reprises réclamé la réhabilitation de l’unique route qui nous relie au chef-lieu de la commune, mais nous attendons toujours”, regrette Hocine, un quinquagénaire, père de trois enfants scolarisés en ville.

“Nous n’avons pas cessé d’attirer l’attention des responsables sur la nécessité d’un CEM, pour épargner à nos scolarisés les galères de leurs déplacements, surtout avec les risques de la route, comme nous avons réclamé l’achèvement des travaux de la clôture de l’école et la réfection des salles de cours, ainsi que le bitumage ou le dallage des rues secondaires, mais de toutes ces sollicitations nous n’avons reçu aucun écho”, énumère-t-il, dépité.

“Cette région a souffert le martyre durant la guerre de Révolution et durant la décennie noire et a payé un lourd tribut et elle continue à souffrir de l’indifférence des responsables qui se sont succédé”, dira Abdelmadjid, imam et un des représentants du village. 

Les citoyens de Zenouna souhaitent qu’un centre de santé puisse être réalisé dans leur village et qu’il soit équipé de toutes les commodités inhérentes aux prestations des soins médicaux. “Certes, El-Achir n’est pas loin, mais pour un malade qui n’a pas de transport, c’est une douleur en plus”, a-t-il renchéri. Les villageois ont soulevé le problème d’électricité pour une vingtaine de maisons. 

Ces dernières ont été construites dans le cadre du logement rural mais elles sont sans électricité depuis des années. Le foyer de jeunes est ouvert aux quatre vents depuis une dizaine d’années, affirment nos interlocuteurs. Quant au stade, aménagé et transformé récemment en matico, il reste sans éclairage et inutilisable la nuit.

“Les jeunes reviennent en fin de journée au village, et pour jouer il faut de l’éclairage”, fait remarquer Redouane, un jeune étudiant, qui appréhende déjà la période postuniversitaire et le chômage auquel sont confrontés ses aînés. Malgré des performances macroéconomiques encourageantes, les jeunes pâtissent des faibles résultats sur le marché du travail et sont systématiquement désavantagés par rapport à des jeunes installés dans les grandes villes. 

À la difficulté d’insertion s’ajoute la faible qualité de l’emploi obtenu. Les plus chanceux des jeunes du village ont créé leur propre “affaire”. Loin d’être un signe du dynamisme des centres urbains, l’entrepreneuriat dans la région regroupe un large éventail d’activités (artisanat, commerce, etc.), souvent synonyme de travail dans le secteur informel.

Mais la principale activité que se partagent les jeunes et leurs familles, ce sont les gargotes de l’autoroute. Sur le bas-côté et derrière les rampes de sécurité en béton de l’autoroute, juste après le pont de Zenouna, à 3 km d’El-Achir, des gargotes illicites pullulent des deux côtés des voies.

“Pendant que le moteur du camion refroidit, moi je profite pour manger et faire la prière”, dira ce chauffeur de camion de transport de marchandises, qui a l’habitude de casser la croûte chez Slimane, qui tient une gargote.

À quelques pas de là, un autre jeune, diplômé en droit, découpe la viande et le met sur la grille d’un barbecue à charbon de bois.

Derrière la bande en béton qui protège l’autoroute, un autre jeune se targue de servir, depuis plus de trois ans, les sandwichs de merguez et de frites-omelette les plus célèbres de la région d’El-Achir. “Bien sûr, vous pouvez trouver des sandwichs partout. Mais ici, on vous sert de la bonne nourriture, dans un cadre familier”, se vante-t-il. “Je travaille de 4h du matin jusqu’à 1h du matin en été. En hiver, de 5h à 23h”, dira Laïd, un jeune du village. 
 

Chabane BOUARISSA

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