Le nombre des entreprises de nettoyage qui était de 22 a été réduit à seulement 12. Et pour cause : les créances cumulées auprès des établissements publics empêchent ainsi ces entreprises de continuer leur activité.
S’il existait un prix de saleté, il serait décerné à la wilaya de Tamanrasset, qui se trouve dans un état d’insalubrité inqualifiable. La capitale du tourisme saharien ne se reconnaît plus dans ce décor lugubre, fait de montagnes d’ordures et d’immondices qui envahissent tous les quartiers de la ville. Visiblement, aucune cité n’est épargnée par ce phénomène qui ne semble pas préoccuper les autorités locales.
La situation que l’on veut imputer à l’amoindrissement des moyens alloués à la gestion des déchets ménagers et à l’insuffisance de mécanismes efficaces à leur élimination s’est sérieusement dégradée. Il suffit de se rendre aux cités El-Wiam, Matnatalat, In Kouf, Tafsit, Tabarkat, Al-Djazira ou encore à Tahaggart pour se rendre compte de la gravité de la donne et de la complexité de ce phénomène qui a pris des proportions alarmantes, eu égard aux énormes quantités de déchets et de décharges sauvages qui ternissent l’environnement urbain d’une capitale saharienne réduite en “ville-poubelle”.
Partout dans les rues, d’énormes tas d’ordures se répandent sur les trottoirs, laissant leurs miasmes pestilentiels s’accrocher aux semelles des
passants, particulièrement à celles des enfants qui évoluent dans une insalubrité ambiante.
Ce qui n’est pas sans avoir des risques on ne peut plus fâcheux sur la santé publique en cette période de crise sanitaire. Selon les habitants d’El-Wiam, pour ne citer que cette cité, ce problème dure depuis des mois à cause de la défaillance des entreprises chargées de la collecte et du traitement des déchets à Tamanrasset. À cela s’ajoutent, indiquent-ils, le manque de moyens matériels et la vétusté des équipements de l’APC.
L’incivisme des habitants qui jettent leurs déchets à tout-va et sans parfois respecter l’horaire et l’endroit dédiés aux décharges publiques a également été dénoncé par nos interlocuteurs, qui viennent de tirer leur énième sonnette d’alarme quant à l’ampleur prise par ce phénomène. Interrogé sur le problème, le responsable de l’EPGCET (Établissement public de la gestion des centres d’enfouissement technique) de la wilaya, Abdelkader Khilouli, s’en lave les mains en renvoyant la balle à la l’APC, qui devrait injecter les sommes budgétaires nécessaires dans le chapitre lié à la voirie et au ramassage d’ordures ménagères.
“Le problème, c’est que l’APC ne prévoit pas les crédits nécessaires pour la propreté de la commune lors de la préparation de son budget. Ce qui explique cette situation et l’état de la ville qui est et restera toujours sale”, indique M. Khilouli, rappelant au passage les créances impayées cumulées auprès de l’APC.
“Nous sommes un Epic (établissement public à caractère industriel et commercial). Nos prestations moyennant de l’argent destiné à la prise en charge de notre personnel ne sont pas payées. Le taux de paiement annuel des factures ne dépasse pas les 50%. L’APC doit dégager un budget approprié si l’on veut réellement endiguer ce problème”, propose notre interlocuteur, précisant que le nombre des entreprises de nettoyage qui était de 22 a été réduit à seulement 12. Et pour cause : les créances cumulées auprès des établissements publics empêchent ainsi ces entreprises de continuer leur activité.
Les autorités locales n’arrivent pas à mobiliser les ressources nécessaires pour assurer la gestion des tonnes de déchets produits quotidiennement. Leur priorité première étant l’élimination des déchets hors de vue, les autorités compétentes choisissent souvent des méthodes simplistes et faciles caractérisées par “l’indifférence et le laisser-aller”, dénonce-t-on.
RABAH KARÈCHE