L’International ASSASSINAT DE L’ANCIEN PRÉSIDENT DU BURKINA THOMAS SANKARA

Perpétuité pour l’ex-président Blaise Compaoré

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R. I./AFP Publié 07 Avril 2022 à 12:00

Blaise Compraoré, ancien chef de l’État du Burkina Faso. © D. R.
Blaise Compraoré, ancien chef de l’État du Burkina Faso. © D. R.

Réfugié depuis 2014 après la révolte populaire, l’ex-président burkinabé, Blaise Compaoré est rattrapé par son passé. Il a été reconnu coupable de l’assassinat de son prédécesseur et ami, Thomas Sankara. Il a été condamné à la prison à vie. Sankara, n’avait-il pas dit un jour, si je meurs, ce sera lui qui va me tuer, en pointant du doigt son ami Compaoré ?

Les trois principaux accusés de l’assassinat de l’ex-président du Burkina Faso Thomas Sankara en 1987, dont l’ancien chef de l’État Blaise Compaoré, ont été condamnés hier à la prison à perpétuité par le tribunal militaire de Ouagadougou. En exil en Côte d’Ivoire depuis 2014, Blaise Compaoré a été condamné par contumace, de même que le commandant de sa garde au moment des faits, Hyacinthe Kafando, en fuite depuis 2016.

Le général Gilbert Diendéré, un des chefs de l’armée lors du putsch de 1987, qui purge déjà une peine de 20 ans de prison pour sa participation à une tentative de coup d’État en 2015, était présent à l’énoncé du verdict. Les trois hommes sont condamnés pour “attentat à la sûreté de l’État”. Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré sont également reconnus coupables de “complicité d’assassinat” et Hyacinthe Kafando, soupçonné d’avoir mené le commando qui a tué Thomas Sankara, d’“assassinat”.

Ils ont quinze jours pour faire appel de ces lourdes sentences. Les juges sont allés au-delà des réquisitions du parquet militaire, qui avait demandé 30 ans de prison contre MM. Compaoré et Kafando et 20 ans contre M. Diendéré.

“Le juge a donné son verdict selon la loi et tout le monde apprécie”, s’est réjouie la veuve du président assassiné, Mariam Sankara, présente presque tout au long du procès. “C’est quelque chose qu’on a demandé, la justice et la vérité”, a t-elle ajouté, affirmant : “Notre but, c’était que les violences politiques qu’il y a au Burkina finissent. Ce verdict va donner à réfléchir à beaucoup de personnes.”

L’avocat de la famille Sankara, Guy Hervé Kam, a également fait part de son “sentiment de satisfaction”. “Aujourd’hui, je peux dire que je suis fier d’être Burkinabè et avocat. Je suis fier de voir l’aboutissement d’un combat judiciaire de près de 30 ans”, a-t-il ajouté.

“Notre espoir” après ce verdict, “c’est que ce genre de crime odieux n’arrive plus jamais au Burkina ni ailleurs en Afrique”, a souhaité Prosper Farama, autre avocat des Sankara. Celui du général Diendéré, Mathieu Somé, a jugé la condamnation de son client à la perpétuité, “excessive”. “En étant accusé présent, il a la même peine que ceux qui étaient absents. Ce qui n’est pas tout à fait juste car il est venu apporter sa contribution”, a-t-il relevé. Huit autres accusés ont été condamnés à des peines allant de trois ans à vingt ans de prison.

Trois accusés, enfin, ont été acquittés. Ce procès historique s’était ouvert en octobre 2021, 34 ans après la mort de Sankara, icône panafricaine, assassiné lors d’un coup d’État qui a porté au pouvoir Blaise Compaoré. Ses avocats avaient dès le début dénoncé “un procès politique” devant “une juridiction d’exception”, estimant que la procédure “ne vaut rien”.

M. Compaoré était soupçonné d’être le commanditaire de l’assassinat de son ancien compagnon d’armes et ami arrivé au pouvoir par un putsch en 1983, ce qu’il a toujours nié. La plupart des douze accusés présents, dont le général Diendéré, avaient plaidé non coupables.

Le procès a été perturbé par le coup d’État du 24 janvier du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba qui a renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré. Il a été une première fois suspendu au lendemain du putsch, puis le 31 janvier, “jusqu’au rétablissement de la Constitution” mise en sommeil lors du coup d’État, puis rétablie par la junte au pouvoir, permettant sa reprise.

Mais de nouvelles interruptions sont intervenues, dont une à la suite de la prestation de serment de M. Damiba devant le Conseil constitutionnel, le 16 février. La défense a alors introduit une requête en soulignant qu’on demandait des condamnations pour “attentat à la sûreté de l’État”, alors que le putsch du lieutenant-colonel Damiba, validé par le Conseil constitutionnel, constituait en lui-même un “attentat à la sûreté de l’État”. Cela “consacre la prise de pouvoir par la force comme un mode constitutionnel de dévolution du pouvoir”, avaient soutenu les avocats de la défense.

Un argument “non fondé” rejeté par le Conseil constitutionnel, permettant la reprise du procès. Arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1983, Thomas Sankara a été tué avec douze de ses compagnons par un commando lors d’une réunion au siège du Conseil national de la révolution (CNR) à Ouagadougou. Il avait 37 ans.

La mort de Thomas Sankara, qui voulait “décoloniser les mentalités” et bouleverser l’ordre mondial en prenant la défense des pauvres et des opprimés, a été un sujet tabou pendant les 27 ans de pouvoir de M. Compaoré, contraint de partir après une insurrection populaire en 2014.

R.I./AFP

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