L’Iran a haussé encore une fois le ton face aux États-Unis qui ont une fois de plus opté pour les sanctions pour le faire fléchir et revenir sur son programme nucléaire. Et l’Iran de rappeler que ce sont les Américains qui ont quitté l’accord et que l’administration Biden n’a pas évolué par rapport à celle de Trump.
Téhéran a appelé hier Washington à cesser son recours systématique aux sanctions et accusé le gouvernement du président Joe Biden d'adopter une stratégie “sans issue” contre l'Iran, tout comme son prédécesseur Donald Trump.
Le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, Saïd Khatibzadeh, a tenu ces propos au lendemain de l'annonce par le Trésor américain de sanctions financières contre quatre Iraniens accusés d'avoir planifié l'enlèvement, aux États-Unis, d'une journaliste américaine d'origine iranienne “Washington doit comprendre qu'il n'a d'autre choix que d'abandonner sa dépendance aux sanctions et de faire preuve de respect dans son vocabulaire ainsi que dans son comportement vis-à-vis de l'Iran”, a déclaré M. Khatibzadeh dans un communiqué.
Selon le Trésor américain, les quatre personnes ajoutées vendredi à l'une de ses listes noires sont “quatre agents des renseignements iraniens” accusés d'avoir préparé l'enlèvement d'une journaliste irano-américaine en 2018 en essayant de forcer des proches iraniens de la journaliste à l'attirer dans un pays tiers, afin qu'elle soit arrêtée et emmenée en Iran, où elle risquait l'emprisonnement.
La justice américaine avait annoncé début juillet avoir déjoué ce complot, dont la journaliste et militante féministe Masih Alinejad, à l'origine du mouvement antivoile en Iran, a dit être la cible. Téhéran avait alors réagi en qualifiant ces accusations d'“absurdes et sans fondement”, et reproché aux États-Unis de trop aimer les “scénarios hollywoodiens”.
Trump avait sorti unilatéralement les États-Unis en 2018 de l'accord international sur le nucléaire iranien, conclu trois ans plus tôt à Vienne, avant de réimposer les sanctions contre la République islamique que ce texte avait permis de lever, puis d'en imposer de nouvelles.
Biden, qui lui a succédé en janvier à la Maison-Blanche, dit vouloir réintégrer les États-Unis à ce pacte, mais les pourparlers commencés dans la capitale autrichienne en avril pour tenter de permettre ce retour, en échange de la levée de ces sanctions, sont au point mort depuis la victoire de l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi à la présidentielle du 18 juin.
Fin août, le guide suprême iranien Ali Khamenei a accusé “le gouvernement américain actuel (de Biden de n'être) en rien différent du précédent”, et le nouveau ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a laissé entendre mardi que les discussions de Vienne ne reprendraient pas avant deux ou trois mois.
Dans ces discussions, l'Iran exige la levée de toutes les sanctions réimposées ou instituées par Washington contre l'Iran depuis 2017.
R. I./AFP