Après les revers subis en Irak et en Syrie, le groupe terroriste tente de se redéployer. Il a choisi le pays le plus vulnérable de la région du Moyen-Orient, le Liban confronté à une grave crise politico-économique.
Le Liban a annoncé, hier, avoir déjoué trois projets d'attentats du groupe État islamique (EI) visant des centres religieux chiites dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du puissant mouvement chiite pro-iranien Hezbollah.
“Un groupe terroriste takfiri (islamiste extrémiste, ndlr) a recruté de jeunes Palestiniens au Liban pour mener des attentats de grande ampleur à l'aide de ceintures explosives”, a indiqué le ministre libanais de l'Intérieur, Bassam Mawlawi, lors d'une conférence de presse à Beyrouth.
Il a précisé que le groupe terroriste projetait de viser trois cibles simultanément, selon les Forces de sécurité intérieure (FSI), affirmant que ces projets d'attentat ont pu être déjoués grâce à un agent qui avait réussi à s'infiltrer dans les réseaux de l'EI au Liban.
L'agent, recruté par les FSI, a reçu des instructions pour mener ces attentats de la part d'un membre de l'EI basé dans le camp de réfugiés d’Aïn El-Héloué (sud), qui est en contact avec d'autres terroristes en Syrie, pays voisin du Liban.
Le 7 février, l'agent infiltré a reçu des instructions pour planifier “trois attentats suicides coordonnés dans la banlieue sud de Beyrouth” contre un complexe religieux dans le quartier d'Al-Laylaki, le complexe de l'imam Al-Kazem à Haret Hreik et la mosquée Al-Nasser à Ouzaï, ont indiqué les FSI.
L'EI a également envoyé à l'agent infiltré des FSI trois ceintures explosives, ainsi que d'autres armes, pour exécuter les attentats qui devaient être menés le 16 février, toujours selon les FSI.
Selon M. Mawlawi, les FSI ont identifié quatre militants du groupe terroriste dans le camp d’Aïn El-Héloué soupçonnés d'être impliqués dans les projets d'attentat.
Deux personnes en lien avec cette opération ont été arrêtées jusque-là, toujours selon le ministre. Des dizaines de milliers de réfugiés palestiniens vivent au Liban, pour la plupart dans les 12 camps du pays, dont celui d’Aïn El-Héloué, le plus grand, situé près de la ville de Saïda.
En vertu d'un accord de longue date, l'armée libanaise ne pénètre pas dans ces camps, où la sécurité est assurée par des factions palestiniennes. Celui d’Aïn El-Héloué, qui abrite différents groupes armés, est ainsi devenu un refuge pour des extrémistes et des personnes recherchées par la police.
Selon les FSI, les projets d'attentat qui ont été déjoués devaient marquer un hommage au chef de l'EI, Abou Ibrahim Al-Hachimi Al-Qourachi, tué dans la nuit du 2 au 3 février lors d'une opération menée par les États-Unis dans la région d'Idleb, dans le Nord-Ouest syrien.
La banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah dont les combattants sont engagés dans la guerre en Syrie au côté du régime de Bachar al-Assad, a déjà été visée par un attentat revendiqué par l'EI en novembre 2015, ayant fait 44 morts.
Le Liban traverse depuis 2019 une crise économique sans précédent, l'une des pires dans l'histoire du monde depuis 1850, selon la Banque mondiale.
Une source sécuritaire a récemment affirmé à l'AFP que l'EI, née en Syrie et en Irak, profite de la crise financière au Liban pour recruter des dizaines de personnes en leur promettant des salaires versés en dollars américains.
Depuis août, ils seraient “environ 48 (Libanais) à avoir rejoint l'EI” en Irak, a indiqué cette source qui a requis l’anonymat.
R. I./AFP