L’International SA COMPOSANTE A ÉTÉ DÉVOILÉE CE MARDI À KABOUL

Un gouvernement 100% pur taliban

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R. I./AFP Publié 08 Septembre 2021 à 19:55

Des membres du nouveau gouvernement afghan, dirigé par Mohammad Hassan Akhund. © D. R.
Des membres du nouveau gouvernement afghan, dirigé par Mohammad Hassan Akhund. © D. R.

Les talibans n’ont finalement  intégré aucun  membre des  autres communautés  afghanes  dans  le  gouvernement  “intérimaire” qu’ils  ont annoncé ce mardi. Un exécutif exclusivement taliban sans aucune femme, et dont des membres sont accusés de terrorisme.

Tous les membres de  ce  gouvernement  qui  sera  dirigé  par Mohammad Hassan Akhund, un ancien proche collaborateur et conseiller politique du fondateur du mouvement, le mollah Omar, décédé en 2013, sont des talibans qui, à de très rares exceptions près, appartiennent à l’ethnie pachtoune. 

En annonçant ce gouvernement, le porte-parole taliban, Zabihullah Mujahid, a affirmé qu’il n’était “pas complet” et que le mouvement essaierait d’inclure par la suite “des gens venant d’autres régions du pays”. Plusieurs des nouveaux ministres, dont certains étaient déjà très influents dans le régime taliban des années 1990, figurent sur des listes de sanction de l’ONU. 

Quatre  sont  passés  par la  prison américaine de  Guantanamo, selon Bill Roggio, rédacteur en chef  du  Long War Journal (LWJ), un  site  américain consacré à la guerre contre le terrorisme. Le Premier ministre, Mohammad Hassan Akhund, est connu pour avoir approuvé la destruction des bouddhas géants de Bamiyan (Centre), célèbres statues du VIe siècle sculptées dans des falaises, que les islamistes ont dynamitées en 2001, selon cette même source. 

Abdul  Ghani  Baradar, cofondateur  du  mouvement, devient  vice-Premier ministre, et le mollah Yaqoub, fils du mollah Omar, ministre de la Défense. 
Le portefeuille de l’Intérieur revient à Sirajuddin Haqqani, leader du réseau éponyme, qualifié de terroriste par Washington et historiquement proche d’Al-Qaïda.   

Le Front national de résistance (FNR), emmené par le fils du légendaire commandant Massoud dans la vallée du Panchir, a qualifié hier d’“illégitime” le nouveau gouvernement taliban en Afghanistan. “Le récit autour du taliban moderne est terminé. Il n’y a pas un taliban qui soit en faveur d’un gouvernement inclusif”, a réagi auprès de l’AFP un porte-parole du FNR, Ali Maisam Nazary, au lendemain de la présentation du nouvel exécutif, exclusivement composé de membres du mouvement islamiste et dépourvu de femmes. 

“Cela va devenir un gouvernement paria, un gouvernement illégitime (...). Il suffit de regarder le nombre de terroristes dans ce cabinet”, a-t-il ajouté. 
Pour le Qatar, les talibans ont fait preuve de “pragmatisme” et doivent être jugés pour leurs actions de “dirigeants de facto” de l’Afghanistan.

Dans une interview exclusive à l’AFP enregistrée lundi soir, la vice-ministre et porte-parole des Affaires étrangères, Lolwah al-Khater, a appelé la communauté internationale à rester constructive dans sa gestion de la crise, jugeant qu’il appartenait aux Afghans de décider de leur avenir : “Saisissons les opportunités qui se présentent et (...) mettons nos émotions de côté.”

La Chine, voisine de l’Afghanistan, a salué hier la composition à Kaboul d’un gouvernement intérimaire, composé exclusivement de talibans, une mesure qui met fin, selon Pékin, à “trois semaines d’anarchie” dans le pays. L’Union européenne reste sur une position prudente. L’UE a critiqué le gouvernement intérimaire formé par les talibans en Afghanistan, le jugeant  ni “inclusif” ni “représentatif” de la diversité ethnique et religieuse du pays. 

“Après une première analyse des noms annoncés, cela ne ressemble pas à la formation inclusive et représentative de la riche diversité ethnique et religieuse de l’Afghanistan que nous espérions voir et que les talibans promettaient ces dernières semaines”, a réagi un porte-parole de l’UE dans un communiqué. 

Pour sa part, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a réagi prudemment à l’annonce du nouveau gouvernement en Afghanistan, déclarant qu’il suivrait de près son évolution. Le dirigeant a notamment souligné qu’il ne savait pas combien de temps la composition actuelle du gouvernement durerait.

La question de la reconnaissance du nouveau gouvernement afghan n’a pas été tranchée non plus par la Russie, qui entend d’abord étudier “très soigneusement” la situation.   “Elle verra la façon dont les talibans traduiront leurs paroles en actes”, a expliqué le porte-parole présidentiel Dmitri Peskov lors d’un point de presse.  
 

R. I./AFP

 

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