Magazine Train express de Dakar

La grogne des expropriés

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AFP Publié 26 Décembre 2021 à 09:02

Un train express régional (TER) au service de maintenance de Colobane, à Dakar, le 22 décembre 2021. © D.R
Un train express régional (TER) au service de maintenance de Colobane, à Dakar, le 22 décembre 2021. © D.R

Ils sont mécaniciens, maraîchers ou autres occupants expropriés le long du tracé du Train express régional de Dakar (TER) devant être inauguré, lundi, et réclament 76 millions d'euros à l'État sénégalais. 

“Le TER nous a appauvris. C'est un projet qui a produit des morts-vivants”, affirme à l'AFP Amina Bayo, une responsable d'un “Collectif des impactés du TER”. “Les expropriés ont souffert le martyre. Certains sont rentrés au village”, indique un membre du Collectif de quelque 16 000 personnes physiques et morales expropriées pour la construction du TER, dont 2000 ont déposé des plaintes à l'Apix, l'agence publique qui a assuré la maîtrise d'ouvrage du projet. “Nous réclamons 50 milliards de FCFA (76 millions d'euros) à l'État”, affirme à l'AFP Ibrahima Cissé, président du Collectif. “J'habitais à Potou (un quartier de Dakar) dans une maison de 160 m2 de 8 pièces. Je n'ai reçu que 1,9 million de FCFA (près de 3000 euros).

L'État n'a pas valorisé le foncier”, dit Pape Ngom, un membre du Collectif. Le barème pour l'indemnisation à Dakar est de plus de 700 000 FCFA (plus de 1000 euros) le mètre carré pour un titre foncier, plus de 500 000 FCFA (750 euros) pour un bail et 286 000 FCFA (environ 450 euros) pour un occupant sans droit, selon un document officiel. Le TER, financé par l'État du Sénégal pour 780 milliards de FCFA (plus de 1,1 milliard d'euros), vise à désengorger Dakar. Les autorités ont recensé les personnes à exproprier et à indemniser pour des pertes de parcelles d'habitations, de terres agricoles, de bâtiments, d'équipements et de revenus. 
 
Communes démunies de Dakar 
“Les victimes du TER, sans toit, sans terre et sans travail”, proclame une banderole à Colobane, un quartier populaire de Dakar d'où des mécaniciens et brocanteurs ont été délocalisés. Des policiers intiment à des manifestants, sur le point de déployer des affiches, l'ordre de quitter ce lieu situé près du centre de maintenance du TER. “Le tracé du TER se situe dans les zones des communes dites de la banlieue de Dakar où vivent les populations les plus défavorisées et les plus démunies de la région de Dakar (où) les ‘habitats spontanés’ (bidonvilles et taudis) sont légion”, indique la Banque africaine de développement (BAD), partenaire du projet. Un montant de 42,8 milliards FCFA (plus de 64 millions d'euros) était prévu pour l'indemnisation, selon la même source. 

Une sortie de l'autoroute à péage à Thiaroye mène à un terrain vague, puis à un chantier d'un marché en construction dans cette banlieue de Dakar, destinés à accueillir des expropriés. Des échoppes inachevées, d'où pendent jusque par terre des fils électriques, occupent une étendue d'herbes sauvages. “Le chantier devait être livré depuis avril 2018 pour plus de 2000 commerçants ‘déguerpis’”, affirme l'un d'eux, Ngagne Amar. “Des sites de recasement ont été prévus, pour des ménages et des commerçants notamment, mais aucun n'a été aménagé”, se plaint Ibrahima Cissé. 

Tout est transparent
“98,8% des personnes affectées par le projet ont été indemnisées, soit un total de 15 780 personnes physiques et morales”, affirme à l'AFP le chargé de la libération des emprises à l'Apix, Yatma Dièye. “Le paiement a commencé en février 2017. Tout a été transparent et fait selon les normes internationales. Des personnes ont été payées plusieurs dizaines de millions de FCFA et l'État travaille toujours sur le recasement des commerçants et des ménages”, ajoute-t-il. Beaucoup d'occupants de terrains situés dans l'emprise du TER à Dakar avaient un “titre précaire et révocable”, selon un document administratif, sans préciser leur nombre. “Les personnes impactées par le TER ont en février porté plainte contre l'État du Sénégal auprès de bailleurs, l'Agence française de développement (AFD) et la Banque africaine de développement (BAD)”, dit M. Cissé. 

La BAD et l'AFD n'ont pas donné suite à notre demande d'informations. “Les preuves reçues (des expropriés) étaient, de manière générale faibles”, dit M. Dièye, à propos de ces plaintes. “Nous envisageons de bloquer le démarrage du TER le jour de l'inauguration, pour exiger la satisfaction de nos doléances”, prévient M. Cissé.

 


AFP

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