Véritable gangrène de l’économie, le secteur informel pèse près de la moitié du produit intérieur brut. Toutes les tentatives engagées pour limiter son influence se sont heurtées à sa grande capacité de nuisance. L’actuel Exécutif saura-t-il venir à bout de ce fléau ?
Face au phénomène de prolifération du secteur informel et ses conséquences négatives sur l’économie nationale, le gouvernement s’engage à mettre en place les mécanismes et les outils nécessaires à même de capter toutes les ressources de ce secteur et les ramener vers les circuits légaux de l’économie. Cependant, il ne précise pas, dans son plan d’action, les mesures et les moyens qu’il compte entreprendre pour capter la masse monétaire circulant dans le secteur informel.
Les dispositifs lancés par les gouvernements successifs se sont soldés, jusque-là, par un échec. Les deux opérations destinées à bancariser l’argent de l’informel, à savoir la mise en conformité fiscale volontaire et l’emprunt obligataire pour la croissance, se sont soldées par des bilans pour le moins maigres.
L’emprunt obligataire pour la croissance, lancé en avril 2016, n’a pu capter que 461,72 milliards de dinars, alors que l’opération de mise en conformité fiscale volontaire, à laquelle 500 personnes seulement ont adhéré, n’a pu récolter que 35 à 50 milliards de dinars, selon les estimations officielles.
La collecte des ressources est le talon d’Achille du système bancaire algérien. Sur les quelque 6 000 milliards de dinars de monnaie fiduciaire en circulation, entre 1 500 à 2 000 milliards de dinars, représentent l’épargne, hors circuits bancaires, des agents économiques. Le gouvernement s’est contenté de décliner ses intentions, mais sans préciser le mode opératoire ni les échéances de réalisation.
Ainsi, il évoque la captation de la masse monétaire circulant dans le secteur informel par la restauration de la confiance du citoyen en ses institutions financières et bancaires. L’Exécutif compte mettre en place des mesures d'intégration, d'incitation et de contrôle, pouvant aider au transfert de l'activité informelle vers le secteur formel.
Cependant, il ne précise pas la nature de ces mesures. Il promet la lutte contre le marché informel de la devise. Le gouvernement prévoit la mise en place d'outils nécessaires à l'évaluation de l'étendue des activités informelles dans le secteur économique et au recensement des contribuables potentiels et, partant, à l'évaluation des pertes fiscales engendrées par ces activités. Le plan d’action fait état de l’identification des secteurs à risque et les pratiques favorisant le développement du secteur informel.
L’Exécutif s’engage, par ailleurs, à mettre en place les outils et mécanismes nécessaires pour assurer une meilleure organisation et encadrement du commerce intérieur, dont les principaux objectifs consistent en la lutte contre le commerce informel, en l'assainissement du marché et la moralisation de l'acte de commerce, la densification des équipements commerciaux, la numérisation du secteur commercial, le développement du e-commerce, la révision des cadres législatifs et réglementaires relatifs aux activités commerciales, à la protection des consommateurs et la promotion de la concurrence.
Meziane RABHI