L’Opep+ se réunit aujourd’hui, dans un contexte géopolitique tendu où les tensions se font de plus en plus vives entre la Russie et l’Ukraine, faisant flamber les cours du pétrole. L’alliance se veut neutre vis-à-vis du conflit, en restant attachée à l’accord de limitation de la production qu’elle a signé. Elle pencherait ainsi du côté de la reconduction de ses décisions de relèvement de la production de seulement 400 000 barils par jour pour le mois d’avril. Cette position semble être partagée par une grande partie des membres de l’alliance. Elle a été évoquée par l’Arabie saoudite.
En effet, le royaume a confirmé son attachement à l’accord, dimanche, lors d’un entretien entre le prince héritier, Mohammed ben Salmane, et le président français Emmanuel Macron, a rapporté l’agence officielle Saudi Press Agency. Le prince héritier a réaffirmé cet engagement entre les treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l’Arabie saoudite, et leurs dix partenaires guidés par la Russie, lors d’un entretien portant notamment sur la situation en Ukraine et l’impact de l’invasion par la Russie sur le marché de l’énergie.
En tout cas, même si l’Opep+ veut gonfler l’offre, ce ne sera pas évident avec des capacités de production limitées de certains de ses membres. “Seuls l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, et peut-être le Koweït, seraient en mesure d’augmenter la production à court terme”, assure Tamas Varga de PVM Energy, interrogé par l’AFP. Si la production décline, c’est parce que de nombreux pays pétroliers ont peu investi dans l’exploration, ces dernières années. Selon l’Institut français des relations internationales (Ifri), “la demande, en tendance encore haussière, se heurtera à une évolution de l’offre sous tensions, non pas du fait d’une absence de ressources, mais d’une insuffisance des investissements qui ne permettront pas de compenser le déclin naturel des gisements existants”.
L’Ifri ajoute que depuis 2014, les investissements dans l’amont pétrolier “ont été divisés par deux”. L’organisme hexagonal en énumère les raisons. La première explication a été “la baisse des prix de 2014, dans un contexte où prévalait une impression d’abondance créée par la forte croissance de production de pétrole de schiste américain”. Cependant, poursuit-il, sont aussi en cause “les freins à la production d’énergie fossile : les entreprises sont conduites à la prudence pour faire face aux incertitudes, amplifiées par la crise sanitaire, et éviter le risque de développer des actifs qui ne pourront pas être rentabilisés en cas de baisse de la demande”.
Le contexte actuel de flambée des prix, l’alliance en tire profit. Et pour l’instant, du moins, il ne semble pas y avoir “de volonté d’assouplir les conditions du marché, les producteurs capitalisant sur des prix élevés qu’ils ne jugent pas trop dommageables pour l’économie après des années de prix très bas”, souligne Craig Erlam, d’Oanda, cité par des agences de presse internationales. Hier, le prix du baril de pétrole WTI américain s'est embrasé jusqu'à plus de 10%, et celui du Brent, la référence européenne de l'or noir, à plus de 9%, propulsés par le conflit en Ukraine et les sanctions occidentales contre Moscou, de plus en plus nombreuses et sévères. Les deux références de l'or noir ont ainsi atteint de nouveaux sommets plus vus depuis 2014, à 106,29 dollars le baril pour le West Texas Intermediate (WTI), et à 107,44 dollars pour le Brent.
Youcef Salami