Compte tenu de la dégradation du déficit budgétaire et du solde de la balance de paiement, la dépréciation du dinar devra s’accentuer à court et à moyen terme.
La monnaie nationale poursuit sa dégringolade en perdant, encore, du terrain face au dollar cette semaine. Le dinar chute à 134,23 pour un dollar sur le marché interbancaire des changes d’Alger. L’euro s’échangeait à 158,5 DA contre 159,12 DA, le 8 mars dernier.
La dépréciation du dinar, notamment par rapport au dollar, reflète dans une très large mesure les évolutions des taux de change des principales monnaies sur les marchés internationaux.
Depuis le mois de novembre dernier, le billet vert a pris des couleurs face à la majorité des devises. Dans une note publiée en août 2018, la Banque centrale a pris soin de rappeler les principes guidant la politique de change qu’elle poursuit.
Le régime de change adopté par la Banque d’Algérie, au début des années quatre-vingt-dix, est un régime de flottement dirigé. Il s’écarte, ainsi, de la fixation purement administrative du taux de change, sans pour autant abandonner totalement la détermination du taux de change aux seules forces des marchés internationaux.
Cette relative flexibilité permet à la Banque d’Algérie d’ajuster le taux de change en fonction des déterminants structurels et macroéconomiques, internes et externes, tout en tenant compte des évolutions des taux de change des principales monnaies sur les marchés internationaux.
La politique de change de la Banque d’Algérie se fixe, pour variable cible, le maintien du taux de change effectif réel (Tcer) à un niveau proche de son niveau d’équilibre.
Dans la détermination de la cible de Tcer, la Banque centrale prend en compte, notamment, les dépenses publiques, le prix de pétrole, le différentiel de productivité et le degré d’ouverture de l’économie. Mais au-delà de l’évolution des taux de change sur les marchés internationaux, en l’absence de consolidation budgétaire, le taux de change du dinar a joué, dans une large mesure, son rôle d’amortisseur.
Selon le Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise (Care), en l'espace de dix ans, le dinar a perdu 42% de sa valeur vis-à-vis du dollar américain et 74% vis-à-vis de l'euro. Compte tenu de la dégradation des principales variables macroéconomiques, notamment le déficit budgétaire et la balance de paiement, cette tendance à la dépréciation devra s’accentuer davantage à court et à moyen terme, contrairement aux déclarations du ministre des Finances.
Ce dernier, faut-il le rappeler, avait soutenu que le dinar est en voie de redressement, alors que la loi de finances 2021 prévoit un recul des cours de change du dinar contre le dollar américain, où la moyenne annuelle devra atteindre 142,2 DA pour 1 dollar en 2021, 149,31 DA pour 1 dollar en 2022 et 156,78 DA pour 1 dollar en 2023.
À maintes reprises, la Banque d’Algérie avait souligné que l’ajustement du taux de change ne doit pas constituer le principal, voire l’unique levier d’ajustement macroéconomique.
Pour être efficace, “il doit accompagner la mise en œuvre effective d’autres mesures et politiques d’ajustement macroéconomique, notamment budgétaire, aux fins de rétablir durablement les équilibres macroéconomiques, et de réformes structurelles aux fins d’asseoir une diversification effective de l’économie et, in fine, une hausse de l’offre domestique de biens et services”, estime la Banque centrale.
Meziane RABHI