Les pays européens sont contraints de démarcher plusieurs pays exportateurs de gaz pour trouver des sources alternatives d’approvisionnement en cas de conflit en Ukraine. Cependant, le Forum des pays exportateurs de gaz, en conclave au Qatar, assure que leurs capacités de production sont limitées.
Une solution immédiate aux problèmes d’approvisionnement en gaz de l’Europe ne viendra pas d’une hausse des capacités de production des pays fournisseurs. Car les pays exportateurs disposent de “capacités limitées” pour augmenter “rapidement l’approvisionnement de l’Europe” et n’ont aucune “visibilité” sur les prix.
C’est ce qu’ont affirmé, hier, les membres du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) à l’issue d’un sommet à Doha, tenu dans un contexte de crise entre la Russie et l’Ukraine. Les pays européens en seront déçus, eux qui s’attendaient à un engagement de la part des pays producteurs pour contribuer à apaiser les tensions qui pèsent sur le marché gazier en Europe.
Le ministre de l’Énergie russe, Nikolaï Choulguinov, présent à cette réunion, a assuré que “les compagnies russes étaient totalement engagées dans les contrats existants”.
De son côté, l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, a souligné que “nous apprécions les efforts de tous les membres (du FPEG) qui ont travaillé dur pour assurer un approvisionnement crédible et fiable en gaz naturel au marché mondial et pour préserver la stabilité de ces marchés”.
Il a rappelé que le Qatar, un des principaux pays exportateurs de gaz, avait assuré l’Europe de son “aide” en cas de difficultés d’approvisionnement, précisant, toutefois, qu’elle “serait limitée aux volumes disponibles, les producteurs étant liés à des contrats à long terme”. Et de souligner que “les volumes qu’on peut rediriger (vers d’autres clients) représentent environ 10 à 15%”.
La Russie représente “30 à 40%” des approvisionnements de l’Europe et “remplacer rapidement ce type de volumes est quasiment impossible”, a-t-il poursuivi. Pour l’émir, l’envolée des prix du gaz a commencé bien avant la crise. “Tout ce qui se passe aujourd'hui sur les prix est fondamentalement lié au manque d'investissements” et “combler ce retard va prendre du temps”, a-t-il estimé.
Il faut dire que la crise entre Moscou et Kiev et ses répercussions sur le marché gazier constituent la première véritable mise à l’épreuve du GECF, une organisation naissante qui affirme ne pas avoir les moyens d’agir face à une éventuelle perturbation de l’approvisionnement du marché européen.
Toutefois, à moyen et long terme, le Forum peut se donner les moyens pour mieux faire face aux défis futurs, à la condition que l’Europe investisse dans des projets de partenariat avec les producteurs et accorde de l’importance aux contrats de gaz à long terme.
L’Europe sait que le secteur gazier constitue un marché d’avenir. La crise ukrainienne lui en a plus que jamais fait prendre conscience. L’organisation est actuellement composée de 11 pays membres, en l’occurrence l’Algérie, la Bolivie, la Guinée équatoriale, l’Égypte, l’Iran, la Libye, le Nigeria, le Qatar, la Russie, Trinidad et Tobago et le Venezuela, ainsi que de 7 pays observateurs, à savoir l’Angola, l’Irak, la Norvège, le Pérou, les Émirats arabes unis, l’Azerbaïdjan et la Malaisie.
Youcef SALAMI