Économie PROGRAMME DE REFINANCEMENT DE 2 100 MILLIARDS DE DINARS PAR LA BANQUE D’ALGÉRIE

Les mises en garde du FMI

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Meziane RABHI Publié 05 Janvier 2022 à 23:35

© D. R.
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Un renouvellement du  programme  spécial de refinancement mis en place par la Banque d’Algérie aurait des conséquences néfastes sur l’inflation et les réserves de changes, selon le FMI.  

La Banque d’Algérie (BA) a lancé, en juillet 2021, un programme spécial de refinancement (PSR) de 2 100 milliards de dinars (9,3% du PIB), afin d’accorder de nouveaux prêts à l’État et au reste de l’économie. Dans un rapport publié en décembre dernier, le Fonds monétaire international (FMI) pointe certains risques liés à cette opération. Le FMI explique que le dispositif, qui avait pour principal objet d’accroître la capacité de prêt des banques publiques, se déroule en trois étapes. 

Le Trésor achète des crédits syndiqués à long terme (avec de longs délais de grâce) à des entreprises d’État par le transfert d’obligations du Trésor à long terme (à échéances de 10 et 15 ans), émises bien en deçà des taux du marché.

“Ces obligations du Trésor sont émises à leur valeur nominale, avec des coupons de 2,75% sur les échéances à 10 ans et de 3% sur les échéances à 15 ans, alors que sur le marché, les rendements dépassent 7,5% sur ces échéances”, précise l’institution financière internationale. 

La Banque d’Algérie refinance, dans la deuxième étape, les banques publiques utilisant ces titres comme garanties en application du programme spécial de refinancement. Celui-ci est mis en œuvre sous forme d’opérations de refinancement mensuelles à taux fixe, au taux directeur de la Banque d’Algérie, à échéance d’un an pour un volume total maximal de 2 100 milliards de dinars. 

“À la fin août 2021, le montant du refinancement au titre de ce programme était de 1 259 milliards de dinars”, indique le FMI. Les opérations sont renouvelables à deux reprises et peuvent être remboursées par anticipation.

Dans une troisième étape, par convention avec le ministère des Finances, les banques publiques investissent la plupart des fonds obtenus par ce programme dans des obligations du Trésor à long terme, émises à des taux inférieurs à ceux du marché. Selon le FMI, l’opération pourrait faire peser des risques importants sur la stabilité monétaire.

“L’acceptation par la Banque d’Algérie comme garanties d’obligations du Trésor à long terme émises à des rendements inférieurs à ceux du marché expose son bilan à des risques financiers considérables”, soutient-il.

Sur la base des rendements sur le marché, ces obligations du Trésor valent de 60 à 65% de leur valeur nominale, alors que la Banque d’Algérie les accepte à leur valeur nominale, avec une décote insuffisante (15%).

“En l’absence de mesures pour rééquilibrer les finances publiques, l’utilisation répétée de ces opérations exposerait la Banque d’Algérie à un risque d’abus de ses instruments pour répondre aux besoins de financement budgétaire”, avertit le FMI.

“Un renouvellement du programme spécial de refinancement mettrait en péril le mandat de stabilité monétaire de la Banque d’Algérie et aurait des conséquences néfastes sur l’inflation et les réserves de changes”, ajoute l’institution financière internationale.

Cette dernière estime, par ailleurs, que “si cette opération réduit en apparence les coûts d’emprunt via l’émission de volumes importants d’obligations du Trésor à long terme à des rendements inférieurs au marché, elle transfère simultanément des prêts à long terme des entreprises publiques au bilan de l’État”.

Elle provoque ainsi, fait remarquer le FMI, “une hausse significative de la dette publique et augmente les risques budgétaires si les prêts deviennent irrécouvrables”. La disposition pourrait, également, provoquer un aléa moral et compromettre la capacité des banques publiques à financer l’économie.

Cette opération, affirme le FMI, grève les bilans des banques publiques participantes d’obligations du Trésor à long terme à un prix excessif, qui ont de fortes chances de rester illiquides, car il est impossible de les vendre sans enregistrer des pertes.

Elles risquent donc de rester durablement tributaires des liquidités de la Banque centrale, ce qui fait peser des risques sur la stabilité financière et la mise en œuvre de la politique monétaire.
 

Meziane RABHI

 

 

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