Le système national d’information économique et sociale est souvent décrié pour son manque de fiabilité, y compris par les pouvoirs publics.
Deux décrets exécutifs concernant le Conseil national de la statistique ont été publiés au Journal officiel n°45 du 9 juin 2021. Le premier porte sur son organisation et son fonctionnement.
Le deuxième décret concerne la désignation nominative des membres de cette institution qui, selon certaines sources, ne s’est réunie qu’une seule fois depuis sa création en 1994. Le Conseil national de la statistique comprend des représentants de plusieurs ministères.
Il compte aussi des représentants de la Banque d'Algérie, des Douanes, de l’Office national des statistiques et du Centre national du registre du commerce et trois membres de l’UGTA. Des représentants de la Confédération algérienne du patronat citoyen (Capc), de la Confédération algérienne du patronat (Cap), de l'Association des femmes algériennes, chefs d'entreprise y sont également membres.
Le Conseil national des statistiques est chargé, notamment, d’élaborer la politique nationale de la statistique et de l’information économique et de veiller à la promotion de la circulation de l’information statistique et au perfectionnement permanent des circuits assurant la disponibilité d’informations fiables, régulières et adaptées aux besoins des agents socioéconomiques.
Les lacunes du système d’information économique et sociale figurent sans conteste parmi les tares qui caractérisent le mode actuel du fonctionnement de l’économie algérienne.
Le système national d’information économique et sociale réunit un consensus contre lui, celui d’être décrié y compris par les pouvoirs publics. Lors d’un Conseil des ministres, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait appelé le gouvernement à généraliser le numérique dans tous les secteurs pour en finir avec les statistiques approximatives qui n’aident nullement à asseoir une économie forte.
“Le numérique et la prospective sont deux facteurs essentiels pour sortir de la sphère des statistiques approximatives qui n’aident nullement à asseoir une économie forte et moderne ni à assurer la transparence des transactions économiques”, avait-il souligné. Le chef de l’État a estimé que les statistiques approximatives constituaient plutôt un “véritable obstacle au développement économique”.
L’information, étant à la base des processus décisionnels, devient un enjeu stratégique et une condition majeure pour la pertinence des choix économiques et l’efficacité des décisions.
Les opérateurs économiques se sont toujours heurtés à la faible disponibilité et surtout à l’insuffisante fiabilité des informations relevant du champ économique et social. Cette préoccupation est, au demeurant, largement partagée par l’ensemble des acteurs de la vie économique et sociale.
Au moment où les finances publiques de l’Algérie sont gravement et durablement détériorées et que la recherche des solutions les plus appropriées devrait impliquer l’ensemble des acteurs économiques et sociaux, il faut regretter la difficulté persistante qu’éprouvent les autorités économiques algériennes quant à la diffusion de l’information économique.
Depuis quelques mois, une forme de black-out sur l’information statistique a été imposée. L’Office national des statistiques (ONS), par exemple, n’a pas publié, depuis février 2021, l’indice des prix à la consommation.
C’est le cas aussi de l’information concernant le marché du travail. D’habitude, et depuis 2014, l’enquête “Emploi et chômage” est faite deux fois l’an (avril et septembre) par l’ONS. Mais l’organisme chargé des statistiques n’a pas fait d’enquête sur l’emploi depuis 2019.
La Banque d’Algérie, pour sa part, n’a toujours pas rendu public son rapport annuel de l’année 2019. Par ailleurs, certains experts relèvent que l’ONS publie des indices de la production industrielle du secteur public national, mais pas les indices de la production du secteur privé qui contribue à plus de 80% de la valeur ajoutée nationale.
Meziane RABHI