Éditorial

La fausse piste

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Karim KEBIR Publié 20 Mars 2021 à 22:35

Sans surprise donc, le RCD a annoncé son rejet des élections législatives anticipées convoquées pour le 12 juin prochain. Le RCD dont l’option était prévisible, dès lors qu’il a toujours prôné l’organisation d’une transition et s’est inscrit résolument dans la perspective d’une rupture, s’appuie sur un constat accablant de la situation du pays. Et rien, compte tenu de la grave crise politique qui secoue le pays, doublée d’une crise économique, la persistance des pratiques de gouvernance d’institutions frappées d’obsolescence et d’illégitimité et la rupture de confiance de pans entiers de la population avec un pouvoir réfractaire à toute idée de changement, malgré les réclamations d’un mouvement d’ampleur inédite depuis deux ans, n’incite à ses yeux à la participation.
Il est, en effet, pour le moins, illusoire de croire à une compétition politique ouverte, encore moins à une perspective démocratique, dans un contexte politique sur fond de répression, d’entraves à l’exercice politique, de fermeture des médias plus enclins à la propagande, de régression économique et sociale, de maintien de plusieurs détenus en prison et de restriction des libertés et de blocages de sites d’information. La mission de convaincre les citoyens de la pertinence de l’option électorale — qu’ils rejettent au demeurant si l’on s’en tient aux slogans de la manifestation du vendredi — est d’autant laborieuse pour le pouvoir que depuis la mise en échec du cinquième mandat, aucun geste fort d’ouverture ni d’un sérieux dialogue n’ont été engagés. Réduit à des réceptions protocolaires, sans ordre du jour concerté, le prétendu dialogue engagé jusque-là n’a touché que des figures politiques dont une bonne partie est celle-là même qui a cautionné les politiques et les dérives ayant conduit au soulèvement populaire.
Tout se passe comme si le pouvoir, visiblement en panne d’imagination, frappé de stérilité politique et refusant de prendre la mesure du rejet populaire de deux scrutins successifs et la détermination du Hirak à arracher ses droits, joue la carte de l’usure. En s’aliénant le soutien des partis de l’opposition comme le RCD, après celui du PT et, probablement, celui du FFS, du MDS et d’autres courants présents au sein du Hirak, non encore structurés, le pouvoir qui sera entouré des seuls partis qui ont constitué le socle politique de l’ancien régime risque d’accentuer son isolement, d’abîmer la confiance, de semer le désespoir et de rendre encore plus complexe et problématique la démarche de sortie de crise. Des révisions déchirantes et des changements de paradigmes s’imposent. Les défis appellent un dialogue sérieux, un large consensus, une ouverture démocratique et un pacte social pour une vision de sortie de crise. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00