Éditorial

Une Histoire à assumer

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Karim KEBIR Publié 12 Janvier 2022 à 11:26

Grâce à la culture orale, il a pu traverser les âges comme par miracle. Yennayer, nouvel an amazigh qu’on célèbre aujourd’hui dans plusieurs régions du pays et même au-delà, des îles Canaries jusqu’à l’oasis de Siwa en Égypte ou encore dans la diaspora, constitue, sans nul doute, un des marqueurs de l’identité de l’Afrique du Nord. Par son caractère transnational et mythique, il a pu forger une conscience dans la société nord-africaine, particulièrement chez les amazighophones. En Algérie où il est célébré depuis la nuit des temps, selon un rituel propre à chaque région, Yennayer, en raison d’aléas politiques et de considérations idéologiques dès l’indépendance, n’a pu bénéficier de toute la considération que lui confère pourtant sa dimension de vecteur d’union et de cohésion. Jusqu’à un passé assez récent, il était confiné à une espèce de rituel que célèbrent seulement les familles attachées à leur culture et à leur tradition millénaire. 

Il aura fallu attendre 2018, des décennies de combat de plusieurs générations de militants en faveur de la reconnaissance de la culture et de la langue berbères, pour que les autorités daignent et concèdent enfin à reconnaître Yennayer comme fête nationale et officielle. Même si compte tenu du contexte d’alors, elle n’était pas dénuée d’arrière-pensées politiques, cette reconnaissance a eu cependant le mérite de réparer une injustice historique et de réconcilier les Algériens avec leur Histoire. Beaucoup de régions, non sans fierté, affichent aujourd’hui ostensiblement cette célébration comme une valorisation d’une dimension culturelle reléguée jusqu’il y a peu à une “affaire familiale”. Mais pour remarquable et considérable qu’elle soit, cette avancée continue toutefois à se heurter à certains esprits rétrogrades, confits à une idéologie islamiste sectaire, lesquels voient dans la célébration une survivance d’une pratique païenne contraire aux valeurs islamiques. 

C’est dire l’effort qui reste à faire pour réconcilier les Algériens avec leur Histoire tronquée par quelques vicissitudes de… l’Histoire. Tout comme la reconnaissance de Yennayer et de la langue berbère, la culture amazighe gagnerait à être promue et développée dans toutes ses dimensions et sa diversité. Vecteur de cohésion, d’unité et d’union, sa promotion pleine et entière est le meilleur garant pour faire une société et une nation. Comme d’autres pays qui ont eu à assumer toute leur Histoire, notre force réside, sans nul doute, dans notre diversité. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00