Sports LES ATHLÈTES ALGÉRIENS REVIENNENT SANS MÉDAILLE DES JEUX OLYMPIQUES

Fiasco à Tokyo

  • Placeholder

Nazim TOLBA Publié 07 Août 2021 à 21:57

© D. R.
© D. R.

La  délégation  algérienne  est  revenue  des  Jeux  olympiques  de Tokyo bredouille, aucune médaille accrochée au cou  des  athlètes. Un échec spectaculaire qui rappelle l’état peut performant du sport national. La crise sanitaire n’explique tout.

Le rideau est tombé sur les Jeux olympiques de Tokyo. L’heure des bilans a sonné pour les dirigeants du sport national. Les Algériens ont quitté hier le stade olympique de Tokyo les mains vides. Pis, pour la troisième fois depuis l’édition de Séoul et d’Athènes, l’Algérie ne figure pas au tableau des médailles. Un cuisant échec pour le sport national. Qui est responsable de cette déconfiture ? Faut-il rejeter la responsabilité sur les athlètes ? 

Autant de questions qui méritent des réponses claires. Le mal est ailleurs, car chaque athlète voudrait briller de mille feux pour la gloire et les récompenses que peut faire gagner une médaille olympique. Triki, en passant par Azara, Berrahal, Flissi, Lahoulou, Asselah, Melih, Boudjemline, Matoub pour ne citer que ceux-là, ont tout donné, en vain. Cette débâcle, pour le moins que l’on puisse dire prévisible, n’est que le résultat d’une politique sportive défaillante à tout point de vue.

La nécessité de revoir les fondements du sport national est plus qu’inéluctable avec la mise en place de moyens nécessaires pour la réussite de l’athlète. Ce n’est pas tout, dans la mesure où l’actuelle politique sportive a prouvé toutes ses limites en l’absence d’une stratégie efficace. Et c’est le rôle des pouvoirs publics de mettre en place les mécanismes nécessaires en vue de hisser le niveau du sport national.

Maintenant que le mal est fait, le ministère de la Jeunesse et des Sports, dont le premier responsable Abderrezak Sebkak, fraichement installé dans ses fonctions, doit impérativement changer de mode de gestion et surtout se conformer aux exigences du haut niveau. Au moment où des nations progressent et décrochent des médailles, le sport national est en nette régression pour ne pas dire déperdition. L’exemple le plus édifiant nous provient du voisin tunisien qui, en dépit de la conjoncture actuelle difficile que traverse le pays et des moyens financiers limités, a réussi à glaner deux médailles (1 or, 1 argent) de surcroît par des athlètes jeunes et inconnus au bataillon.

À tout juste 18 ans, Ahmed Hafnaoui a créé la sensation en remportant la médaille d'or olympique en 400 m nage libre hommes. Il est devenu le deuxième champion olympique tunisien de natation après son compatriote Oussama Mellouli. Même le Burkina Faso est entré de plein fouet dans l’histoire des Jeux olympiques en décrochant le bronze au triple saut. Idem pour le petit émirat du Qatar, avec sa politique audacieuse de naturalisation, qui a réussi à glaner deux médailles en or et une en bronze. Et au même moment, les athlètes algériens engagés lors de ces jeux sortent la tête baissée avec un zéro pointé au classement des médailles.

“Une participation à un événement aussi important doit se préparer à l’avance et non durant l’année qui précède l’événement. Nous n’avons pas eu le temps pour le faire surtout avec la pandémie qui nous a perturbés. Le constat est amer, car le niveau est tellement fort que nous ne sommes pas arrivés. L’équation est simple : pour s’illustrer, il faudra mettre les moyens”, tel a été le son de cloche de la plupart des athlètes algériens engagés lors de ces olympiades, à leur retour au pays. 

Une politique sportive à revoir 
Ces mêmes athlètes ne font que dénoncer une mauvaise prise en charge des athlètes d’élite qui, en réalité, ne le sont que de nom, car sous d’autres cieux la prise en charge du sportif est complètement différente. D’ailleurs, tout un système est mis en place par les responsables concernés pour que le sportif se trouve dans d’excellentes conditions à l’entame de sa préparation.

Toutes les infrastructures et les moyens matériels et scientifiques lui permettant de s’épanouir et de progresser. Ce n’est pas le cas en Algérie, car rien n’a avancé d’un iota en matière de planification et de préparation des athlètes. Les responsables du sport n’ont pas appris des erreurs du passé. Au contraire, ils continuent de forcer le destin en attendant que le miracle se produise lors des importantes manifestations sportives mondiales. 

L’échec d’une politique sportive oblige les pouvoirs publics à prendre en considération les véritables problèmes auxquels les sportifs algériens sont confrontés. Et le plus grand problème réside en fait au niveau des institutions qui n’arrivent guère à redynamiser un secteur en panne d’idées et de solutions pouvant permettre au sport national de briller sur le plan international. Et ce ne sont pas les amendements et autres projets de loi qui vont changer quoi que ce soit. Trop de défaillances sont enregistrées à différents niveaux.

Nul n’assume pleinement ses responsabilités en cas de défaite, on essaye toujours de les diluer et d’impliquer le maximum de personnes afin de justifier un échec. Ce n’est pas tout, dans la mesure où les décideurs du sport continuent de négliger un aspect important en matière de préparation. Le maillon fort de la chaîne, à savoir l’athlète, doit être entouré par un staff compétent en présence d’un entraîneur chevronné pour garantir une préparation optimale à même de permettre au sportif de hisser son niveau pour devenir médaillable lors des compétitions internationales.

Malheureusement, en Algérie, l’entraîneur est négligé, voire marginalisé. Le coup de gueule du vice-champion olympique de judo Amar Benyekhlef, entraîneur national du judo, dès son retour de Tokyo, est révélateur du malaise dans lequel le sport national se trouve. Percevant un salaire de 40 000 DA, l’ex-champion d’Afrique n’arrivait pas à joindre les deux bouts, d’où sa décision d’ouvrir une table au marché de son quartier pour vendre des fruits.

Le médaillé d’argent aux Jeux olympiques de Pékin n’a pas manqué de dénoncer le manque de considération des dirigeants du sport. Et ce sont des centaines d’encadreurs qui se trouvent dans pareille situation. 

Makhloufi, l’arbre qui cachait la forêt 
C’est dire que le mal est tellement profond qu’une réflexion à tous les niveaux est plus que primordiale. Le temps est venu pour faire table rase et remettre les compteurs à zéro. À vrai dire, le sport national était en décadence depuis belle lurette, mais les distinctions individuelles de certains athlètes, à l’image de Makhloufi en 2012, toutefois forfait pour les olympiades de Tokyo en raison de blessure, ont caché la réalité.

D’ailleurs, beaucoup d’observateurs et autres spécialistes avaient salué la consécration de l’enfant de Souk Ahras, tout en précisant que cette performance ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt au vu des résultats “catastrophiques” obtenus lors des Jeux olympiques de Londres. 

D’ailleurs, c’était le même constat qu’a fait l’ancien président du Comité olympique algérien Rachid Hanifi qui avait bel et bien évoqué l’exploit individuel de Makhloufi. “La médaille d’or décrochée haut la main par l’athlète Makhloufi est le fruit d’une performance individuelle. Le mérite revient à lui et à tous ceux qui l’ont préparé et formé en même temps.

Les efforts individuels de Makhloufi ont permis à l’Algérie d’obtenir la seule médaille lors de cette participation. Je suis depuis 40 ans dans le domaine sportif et je peux vous certifier que la retentissante victoire de notre héros national est le fruit d’un travail de longue haleine. Nous devons rendre un vibrant hommage à ceux qui l’ont pris en charge dans une période où le sport national traverse les pires moments”, avait indiqué Dr Hanifi.

Pratiquement dix ans après cette déclaration, le sport national a touché le fond. Au lieu de tenter de faire porter le chapeau aux sportifs et à leurs entraîneurs, il faudra rebâtir une véritable politique sportive et offrir aux athlètes un environnement et des moyens dignes. Le temps est venu pour faire un diagnostic complet pour ensuite entamer les réformes nécessaires en vue de relancer la machine.
 

Nazim T.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00