Comme tous les pays du monde, l’Algérie a célébré la Journée internationale des droits de l’Homme. Mais dans l’indifférence générale. Plus de 300 détenus, arrêtés pour délit d’opinion ou pour leurs activités politiques, croupissent dans les prisons. Un fait que les autorités refusent d’admettre. De jour en jour, la liste de détenus politiques et d’opinion ne cesse de s’allonger. Des écrivains, des avocats, des journalistes, des militants politiques et des activistes sont derrière les barreaux, parfois pour avoir juste exprimé une opinion sur les réseaux sociaux ou participé à des manifestations populaires à l’époque du Hirak.
Selon la Coordination nationale pour la libération des détenus (CNLD), il y aurait environ 300 détenus politiques et d’opinion recensés dans plusieurs wilayas du pays. Parmi eux, nombreux sont ceux qui ont été arrêtés en 2019 et 2020. Certains sont aujourd’hui en liberté après avoir purgé les peines auxquelles ils avaient été condamnés. En plus des militants issus du Hirak, une deuxième vague de détenus est venue grossir les rangs des prisonniers : des dizaines de citoyens sont poursuivis pour appartenance au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et au mouvement Rachad, classés comme “organisations terroristes” par les autorités. Étonnamment, certaines figures sont arrêtées alors qu’elles ne véhiculent aucun discours séparatiste ou violent, à l’image de notre collègue Mohamed Mouloudj, de l’écrivain Abdenour Abdeslam ou du militant politique Hamou Boumedine.
Fait inédit, un chef de parti politique, à savoir Fethi Ghares, se trouve en prison. Il sera jugé aujourd’hui pour “atteinte au président de la République” et “atteinte à l’unité nationale”. Ses avocats affirment que la justice n’a trouvé, comme chef d’accusation, que des déclarations publiques. Ce qui confirme encore une fois qu’il s’agit avant tout d’un procès politique.
Outre ces détenus, des dizaines d’autres citoyens sont en liberté provisoire dans l’attente de leur procès. Beaucoup sont condamnés à des peines avec sursis, ce qui les place dans une position de fragilité qui les empêche de poursuivre leurs activités. Et c’est cette situation qui a fait que l’Algérie se retrouve parmi les pays mal classés en termes de respect des libertés, comme c’est le cas pour la liberté de la presse où notre pays occupe la peu enviable 146e position sur 183 pays concernés.
Ali Boukhlef