La présente campagne oléicole, qui s’achèvera en mars prochain, est jugée “un peu exceptionnelle” par les oléiculteurs de la wilaya de Béjaïa. Et pour cause : la production tournerait autour de 12 000 à 15 000 t, soit quelque 15 millions de litres. Les rendements, observés d’une huilerie à l’autre, “n’ont pas dépassé les 25 l/q, soit une moyenne de rendement de 16 l/q à 18 l/q”, a indiqué M. Zahir Khodja, le SG de l’Association pour le développement de l’oléiculture et des industries oléicoles de la wilaya de Béjaïa. Dans un passé récent, le chiffre d’affaires était d’environ 60 millions de dollars. Et par rapport aux autres cultures fruitières algériennes, a expliqué M. Khodja, “c’est beaucoup”. L’olivier, enchaîne-t-il, “occupe la première place avant le figuier, le dattier et les agrumes. En superficie, il s’étend sur le tiers de l’espace dévolu aux cultures fruitières arborescentes.
En nombre, il compte pour 28%, mais le tonnage des olives récoltées ne dépasse guère le quart de notre production fruitière”. Les autres membres de cette association, dont des gérants d’huileries modernes et traditionnelles, rencontrés ont indiqué qu’“il faut prendre en considération les effets du changement climatique, un phénomène qui, par sa spécificité, évolue si rapidement qu’il est impossible pour une plante comme l’olivier de s’adapter immédiatement à un changement si soudain”, ont-ils mis en garde. Et ajoutent : “Le changement climatique aura un impact sur les aires actuelles de culture. Ce phénomène pourrait également avoir un impact sur l’incidence de certaines maladies ou ravageurs affectant l’olivier.” Plus encore, le changement climatique suscite de sérieuses inquiétudes auprès des professionnels de la filière pour lesquels ces variations peuvent entraîner la hausse des températures et la réduction des précipitations.
Aussi, compte tenu de l’importance économique et sociale de l’oléiculture, il est fondamental, insistent-ils, que “toute activité entreprise dans ce domaine prévoie (à l’avenir) l’impact de ce changement sur la culture de manière à identifier au mieux des stratégies d’adaptation ou d’atténuation du phénomène. D’où l’importance de prévoir, grâce à des modèles mathématiques et statistiques, quelle pourrait être la situation dans 40 ans et de préparer une stratégie adéquate”. Dans la plupart des pays producteurs du sud et de l’est du bassin méditerranéen, il existe, explique Zahir Khodja, le SG de l’association, “des zones importantes où les populations rurales vivent presque exclusivement de l’oléiculture. Tout phénomène qui affecterait cette activité aurait donc inévitablement une forte répercussion sociale et économique sur le modus vivendi des agriculteurs et, par conséquent, de l’ensemble de la population”.
M. OUYOUGOUTE