Les partis politiques qui ont fait le choix de prendre part aux législatives du 12 juin prochain semblent encore sonnés par le rejet massif des dossiers de leurs candidats au point de réclamer du président de l’Autorité nationale indépendante des élections l’ouverture d’une enquête. 16 formations parmi les plus en vue sur la scène politique ont, en effet été reçues, la semaine dernière, à leur demande, par Mohamed Charfi qui, en fin de compte, n’a pu leur donner aucune garantie quant au repêchage des candidatures exclues.
Ainsi, avec l’affaiblissement, voulu ou involontaire, des partis politiques dans cette course, couplé à l’éruption spectaculaire des listes indépendantes, le pays risque de se retrouver avec une Assemblée nationale incolore, inodore et sans identité politique. Pourquoi cette propension à favoriser la “société civile” aux dépens des partis politiques qui ont vocation à siéger dans les assemblées élues ? Certes, on sait que le niveau de popularité des partis n’a jamais été aussi bas pour différentes raisons qu’il est inutile de sérier ici.
Mais projeter une configuration de la première Chambre parlementaire dominée par des élus non structurés et qui plus est, ne peuvent, pour la plupart, faire valoir ni parcours ni formation politique, demeure, à tous points de vue, une absurdité.
Le Parlement est, dans tous les pays du monde, un espace politique par excellence. C’est là où se mènent les débats et les batailles politiques. Et par-dessus tout, c’est l’élection de l’APN qui préfigure la composante du gouvernement. Tout cela ne veut pas dire que cette assemblée s’est jusque-là acquittée de sa tâche de la meilleure des façons. Loin s’en faut. Elle a fini par devenir au fil du temps une simple caisse de résonance à l’action de l’Exécutif.
L’effort doit donc être plutôt recentré sur les moyens d’améliorer l’apport du pouvoir législatif à la vie de la nation et de redorer, ainsi son blason. Mais de là à envisager de lui substituer un amalgame bigarré de députés a fortiori dépourvus de connaissances élémentaires de l’action politique, il y a un pas que seuls, visiblement, nos gouvernants sont prêts à franchir.
À la fin, remplacer les députés issus de partis politiques par d’autres émanant de “la société civile” revient à reproduire la même configuration déjà en cours dans le domaine économique : s’appuyer sur les start-up pour développer l’économie aux dépens des entreprises. Un non-sens.