Un comité de coordination de 24 membres a été installé. Il est notamment chargé d’apporter des amendements proposés aux deux textes fondateurs du Front contre la répression par l’assemblée générale, mais aussi d’arrêter un plan d’action concret en faveur des libertés, des détenus et de leurs familles.
Après plusieurs mois de gestation, le Front contre la répression et pour les libertés (FRL) a enfin vu le jour. Plusieurs cadres de partis de la mouvance démocratique (MDS, PT, PST, RCD), d’acteurs de la société civile (Laddh, RAJ) et de simples militants de la démocratie s’étaient retrouvés hier au siège national du Mouvement démocratique et social (MDS) pour proclamer officiellement la naissance de ce “nouveau venu” sur la scène politique nationale dont la principale tâche est de tout faire pour mettre un terme à la répression dont sont victimes des militants politiques et associatifs.
Parmi les présents figuraient notamment : Ali Laskri, ancien premier secrétaire du FFS, Mahmoud Rachedi, porte-parole du PST, Moulay Chentouf (porte-parole du PLD), Ouamar Saoudi (RCD), Ramdane Taâzibt (PT), Wahid Benhalla (MDS), Ali Brahimi (Caman), Saïd Salhi (Laddh) et Abdelouahab Fersaoui (RAJ).
Compte tenu du contexte assez exceptionnel que traverse le pays, la rencontre n’a visiblement pas été, en termes de mobilisation, à la hauteur des espérances de certains participants qui ont regretté le fait que, pour une raison ou une autre, l’assemblée générale d’hier n’ait pas attiré grand monde, tandis que d’autres, en revanche, se sont félicités de la création d’un tel front dans cette conjoncture difficile, en le qualifiant d’ailleurs de “grande avancée”.
Durant près de 4 heures, les participants ont épluché deux importants textes soumis aux débats : la proclamation de la naissance du Front contre la répression et pour les libertés et le projet de charte de ce même front.
“Le Front contre la répression pour la libération des détenus et le respect des libertés auquel nous appelons est une initiative de rassemblement et un impératif urgent. Il se veut comme la confluence concrète de toutes les luttes démocratiques et sociales pour créer les synergies indispensables dans le but de stopper ce rouleau compresseur policier contre toute forme de citoyenneté effective et pour établir définitivement dans le pays des conditions d’exercice de la politique et de la citoyenneté qui consacrent l’État de droit et la démocratie en confortant la souveraineté nationale dans le concert des nations”, ont écrit, dans la proclamation, les initiateurs de ce front.
Pour ces derniers, “l’heure n’est pas aux lamentations ou au renoncement”. “C’est le moment de défendre nos droits et libertés et d’assumer notre devoir à promouvoir la solidarité partout où nous sommes et par tous les moyens de la démocratie”, ont-ils clamé.
Le constat que font les auteurs de la proclamation de la situation des libertés en Algérie est des plus alarmants, non sans reprocher aux tenants du pouvoir d’avoir adopté “une stratégie de la répression et de la terreur”.
“Témoins malheureux d’une justice aux ordres du pouvoir politique, plus de trois cents détenus politiques et d’opinion croupissent dans les prisons du régime”, ont-ils déploré, avant d’ajouter : “Des milliers de citoyens font l’objet de poursuites judiciaires pour avoir exprimé une opinion, participé à une activité de protestation citoyenne pacifique ou simplement pour avoir exprimé leur solidarité envers des citoyens victimes de l’arbitraire de l’État.”
Autre preuve du recul des libertés aux yeux des initiateurs du Front : les “pressions incessantes”, “les représailles multiples” et les “cabales judiciaires” dont sont victimes les “partis et associations autonomes qui refusent la ligne générale édictée par le pouvoir autoritaire”.
Aussi, ils ont arrêté, dans leur projet de charte, 4 revendications majeures qui sont, à leurs yeux, “les moyens primordiaux pour parvenir à asseoir l’alternative démocratique dans notre pays” : cessation immédiate de la répression ; libération inconditionnelle de tous les détenus politiques et d’opinion et leur réhabilitation pleine et entière ; ouverture du champ médiatique et politique et, enfin, la consécration des libertés individuelles et collectives par l’abrogation de toutes les lois liberticides et de toutes les dispositions pénales contraires aux conventions internationales ratifiées par l’Algérie (…).
Au cours des débats, plusieurs propositions ont été émises. L’écrivain Lazhari Labter a proposé de rédiger un livre blanc sur la répression. L’ancien cadre du FFS, Hamid Ouazar, de son côté, a recommandé de mettre au cœur du débat public l’indépendance des organisations politiques ou autres qui, à ses yeux, est “l’enjeu majeur”.
D’autres ont proposé de créer une page Facebook, voire un site internet de ce front, pour s’acquitter au mieux du travail d’information et de communication. Mais le clou de la réunion a été sans doute le témoignage émouvant de l’épouse d’un détenu qui a relaté les conditions difficiles qu’elle vit non sans solliciter une aide pour les familles des détenus.
À la fin des travaux, un comité de coordination de 24 membres a été installé. Il est chargé de traduire les propositions formulées par l’assistance en amendements à apporter aux deux textes fondateurs du Front.
Autre objectif qui lui est assigné : arrêter un plan d’action pour lutter efficacement contre la répression, mais aussi venir en aide aux détenus et à leurs familles. Une immense tâche, en somme.
A. C.