Au moins quatre banques de la place n’ont pas pu augmenter leur capital à 20 milliards de dinars, tel qu’exigé par la réglementation de la Banque centrale.
La Banque d’Algérie (BA) vient de prolonger jusqu’au 30 juin 2021 le délai accordé aux établissements bancaires et financiers, afin d’augmenter leur capital social. Ceux-ci avaient jusqu’au 31 décembre dernier pour augmenter leur capital à 20 milliards de dinars en application du règlement n°18-03 du 4 novembre 2018, relatif au capital minimum des banques et établissements financiers exerçant en Algérie. C’est la seconde augmentation de capital consécutive à laquelle étaient soumises les banques de la place, puisque celles-ci étaient invitées à porter leur capital social à 15 milliards de dinars en 2019.
Selon des indiscrétions, nombreuses sont les banques qui n’ont pas pu répondre au second appel de l’autorité monétaire, ce qui a amené cette dernière à reporter les délais plutôt que de passer aussitôt aux sanctions, à savoir le retrait pur et simple de leurs agréments. La Banque centrale vient d’introduire une modification dans le règlement n°18-03 du 4 novembre 2018, afin de permettre aux établissements retardataires de s’y conformer. L’alinéa 1er de l’article 4 dudit règlement stipule que “les banques et les établissements financiers en activité sont tenus de se conformer aux dispositions du présent règlement, au plus tard le 30 juin 2021”.
Cette modification, publiée au Journal officiel du 20 janvier 2021, a pour objectif de permettre aux banques de disposer d’un délai suffisant pour pouvoir se conformer à la réglementation. Selon nos sources, il y aurait au moins quatre banques qui n’ont pas pu augmenter leur capital à 20 milliards de dinars au 31 décembre dernier. Même si le test était bien réussi pour certaines banques, d’autres ont eu du mal à dégager un cash-flow et le réinjecter dans le capital social.
D’autant plus qu’il s’agit de la seconde augmentation de capital consécutive à laquelle étaient soumises les banques de la place après celle de 2019. Ces deux opérations interviennent dans une conjoncture difficile pour les banques, dont certaines — celles qui ne se sont pas conformées au règlement de la Banque centrale — ont été affaiblies par les deux années de ralentissement économique ; lequel se traduit par une baisse importante du volume des affaires. Du côté des banques à capitaux privés, certaines ont pu répondre sans difficultés à l’appel de la Banque d’Algérie, dont BNP Paribas El Djazaïr et AGB (Gulf Bank Algérie).
D’autres, à l’image de Société Générale Algérie et d’Al-Baraka Bank, disposaient de réserves suffisantes pour se conformer au règlement, même après avoir porté leur capital à 15 milliards de dinars en 2019. Quant aux banques publiques, même si celles-ci disposent d’un capital social supérieur à 20 milliards de dinars, elles sont, néanmoins, confrontées à des vulnérabilités qui résulteraient de la proportion des engagements à long terme dans leurs portefeuilles, à la hausse des prêts improductifs et à la baisse de ratio de solvabilité des fonds propres. Les statistiques de la Banque centrale sur la part des engagements à long terme dans la structure des crédits sur les créances improductives, ainsi que sur le niveau de la liquidité global des banques sont de sérieux facteurs d’inquiétudes.
L’incapacité de certains établissements bancaires à augmenter leur capital en est un autre. La Banque centrale semble privilégier l’option d’un report des délais, plutôt que des sanctions. “À l’expiration du délai prévu à l’alinéa 1er ci-dessus, les banques et établissements financiers qui ne se seront pas conformés aux prescriptions du présent règlement se verront retirer l’agrément”, lit-on dans l’article 4 dudit règlement. Il serait inopportun que l’autorité bancaire procède à des retraits d’agrément en cette période, alors que le gouvernement fait le vœu de soutenir l’ouverture de banques à capitaux privés.
Ali Titouche