Expurgés du caractère criminel, les dossiers de plusieurs activistes du Hirak ont été transférés en correctionnelle et certaines des accusations ont été simplement annulées.
Plusieurs activistes poursuivis pour des accusations à caractère criminel ont vu, ces derniers jours, leurs dossiers respectifs transférés en correctionnelle.
C’est le cas, en effet, du poète du Hirak, Mohamed Tadjadit, de Malik Riahi, de Soheib Debaghi, de Noureddine Khimoud et de Tarik Debaghi qui seront finalement jugés en correctionnelle, les accusations à caractère criminel dont ils étaient poursuivis ayant été annulées, jeudi dernier, par le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed à l’issue de la clôture de l’instruction.
L’accusation d’association de malfaiteurs ayant été évacuée du dossier, les cinq hirakistes, qui comptent parmi les grévistes de la faim du 28 janvier, devront répondre, le 22 mars, de diffusion de fausses informations portant atteinte à l’ordre public, d’atteinte à la vie privée d’un enfant et son exploitation à des fins contraires à la morale, d’incitation à la débauche et de détention de stupéfiants.
Mohamed Tadjadit et ses compagnons avaient, pour rappel, été interpellés en avril dernier, alors qu’ils venaient de diffuser sur les réseaux sociaux le témoignage de l’adolescent Saïd Chetouane, 15 ans, qui affirmait avoir subi des agressions sexuelles dans un commissariat où il avait été placé en garde à vue après son arrestation lors d’une tentative de marche interdite.
Cette vidéo a provoqué la réaction de la Ligue algérienne des droits de l'Homme, du Comité national algérien pour la libération des détenus (CNLD) et d’Amnesty International qui ont exigé une enquête sur ces allégations.
Alors que la DGSN annonçait l'ouverture d'une enquête sur les violences sexuelles présumées, Mohamed Tadjadit et Malik Riahi étaient arrêtés à Aïn Benian, alors que Soheib Debaghi, Noureddine Khimoud et Tarik Debaghi étaient interpellés à Barika, dans la wilaya de Batna. Déférés devant la justice, les cinq activistes ont été écroués pour les accusations citées précédemment.
Autre activiste du Hirak dont le dossier a été expurgé d’accusations criminelles, Chafik Medjahed n’aura pas à répondre de complot contre l'autorité de l'État, comme le rapporte le CNLD.
Jeudi passé, le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed a, en effet, transmis le dossier de Chafik Medjahed à la section des délits en attendant la programmation de son procès.
Le hirakiste, qui avait été arrêté lors de la marche du 7 mai 2021 à Alger avant d’être placé sous mandat de dépôt quatre jours plus tard, est désormais poursuivi pour publications portant atteinte à l'unité nationale, outrage à corps constitués, attroupement non armé et incitation à attroupement non armé, rappelle encore le CNLD.
Rappelons que Chafik Medjahed avait protesté contre son incarcération par une grève de la faim de près de deux mois qui avait failli lui coûter la vie.
Enfin, le 2 mars dernier, la chambre d'accusation près la cour du Ruisseau d'Alger s’est prononcée sur le recours introduit le 23 février par la défense de Larbi Menad, hirakiste de Relizane, également poursuivi pour des chefs d’accusation criminels, et ordonné le renvoi de son dossier en correctionnelle.
Larbi Menad, également membre du conseil national du RCD, avait été placé sous mandat de dépôt par le tribunal de Relizane le 1er juillet 2021.
À la fin de l’année, le tribunal de Relizane s’est dessaisi du dossier au profit du pôle pénal spécialisé, le tribunal de Sidi M'hamed d'Alger, qui instruit les dossiers liés à des faits présumés de terrorisme.
S. OULD ALI