L’Actualité EXPLOSION D’UN ENTREPÔT DE COSMÉTIQUES À SÉTIF

Aïn Oulmène endeuillée

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Faouzi SENOUSSAOUI Publié 02 Février 2022 à 23:41

L’entrepôt de cosmétiques où a eu lieu l’explosion. © Liberté
L’entrepôt de cosmétiques où a eu lieu l’explosion. © Liberté

Insoutenable. Une femme tenant son enfant dans ses bras a été retrouvée littéralement calcinée.  Une scène qui témoigne de la violence de l’incendie qui a plongé la localité d’Aïn Oulmène  dans une drame indescriptible.  

Prise au piège dans l’incendie qui a suivi l’explosion, mardi après-midi, d’un entrepôt de produits cosmétiques à Aïn Oulmène (33 km de Sétif), une femme a été retrouvée calcinée dans sa maison, avec dans ses bras son enfant qu’elle n’a pas réussi à sauver des flammes. Les corps sans vie de cette femme et de son enfant ont été évacués dans un même sac mortuaire vers la morgue de l’établissement public hospitalier Mohamed-Boudiaf. 

Sur le lieu de l’explosion, qui a endommagé plusieurs maisons alentour, les corps des autres victimes n’ont pas encore été identifiés. Mais toutes appartenaient à la même famille, dont six enfants âgés entre 5 et 16 ans. Une famille décimée en quelques heures, apprend-on sur les lieux du drame. 
Endeuillé après la forte explosion de gaz dans une maison sise à la cité Laamemche (cité des 583 lots) au sud de la ville, les habitants de la paisible localité de Aïn Oulmène étaient sous le choc, hier encore. Et il y avait de quoi l’être face à un bilan macabre : parmi les huit morts, deux mamans dont l’une d’elles était enceinte. L’explosion a blessés aussi 14 autres personnes, dont six femmes, trois hommes et trois enfants atteint de détresse respiratoire, de brûlures au premier et au deuxième degrés et de fractures des membres, apprend-on de sources hospitalières et selon des proches parents. 
D’importants dégâts matériels ont aussi été occasionnés par la déflagration. Hier vers 10h, une foule immense s’est regroupée le long de la rue Makdoud-Kechichi et devant les maisons en ruines. Les policciers qui sécurisaient les lieux, les éléments de la Protection civile qui continuaient leurs fouilles, les agents de Sonelgaz qui assuraient un suivi pour rétablir dans les plus brefs délais l’électricité et le gaz étaient tous sur place, la mine triste devant un tel chaos. 
Les deux survivants de l’explosion, responsables des deux familles victimes de la déflagration, ne sont pas sur les lieux. Seulement quelque curieux des quartiers avoisinants, des voisins directs et le maire d’Aïn Oulmène, debout devant des gravats jonchant le sol, des véhicules réduits en amas de tôle, les murs effondrés d’une maison toujours en travaux. 
De la marchandise stockée dans l’entrepôt, il ne reste que les débris des emballages, des étuis, des bouteilles, des boîtes et des flacons vides, des boites de produits cosmétiques calcinés. Les murs noirs de fumée et la toiture menaçant ruine témoignent de l’ampleur de l’explosion et de l’incendie qui s’en est suivi. 
“J’étais à mon travail quand ma mère, la soixantaine, m’a appelé vers 15h30, affolée”, témoigne Mohamed, la trentaine, la voix étouffée par l’émotion. “Au téléphone, paniquée, ma mère répétait : viens vite ! Viens vite ! Il y a le feu”, ajoute-t-il. “Je me suis précipité sur les lieux. Le feu, dont le départ était le garage de nos voisins d’en face, s’était propagé. Les flammes parvenaient à toucher les bâtisses en face, y compris la nôtre.” 
L’épouse de Mohamed, la vingtaine à peine, est depuis sous le choc. Dans sa modeste demeure, il montre à ses visiteurs l’ampleur des dégâts. La voix encore tremblotante, il raconte comment il a, avec l’aide de ses voisins, évacué les habitants des maisons mitoyennes. “C’est à travers l’autre façade que nous avons pu évacuer nos voisins, notamment les enfants et les femmes, dont une nonagénaire amputée des deux pieds”, explique-t-il, affirmant que le bilan aurait été plus lourd si ce n’était l’intervention rapide du voisinage.

Des zones d’ombre
Au moment où le propriétaire des lieux soutient mordicus que la location a été faite pour l’utilisation du garage sis au premier niveau de la bâtisse comme entrepôt de parfums et produits cosmétiques, certaines sources n’écartent pas l’existence d’une petite unité de conditionnement de cosmétiques s’où la possibilité d’existence d’un compresseur et autres équipements et matériel pour assurer le conditionnement. 

Hier, les éléments de la police scientifique relevant de la police judicaire de sureté de daïra d’Aïn Oulmène étaient toujours sur les lieux. Ils passaient en revue les coins et recoins et photographiaient sous tous les angles les éléments qui pourraient être utiles pour l’enquête. 
Dans l’après-midi d’hier, après la prière d’El-Asr, une foule immense a accompagné à leur dernière demeure les huit victimes, qui ont été inhumées au cimetière de la commune de Salah-Bey. 
Même si la responsabilité du drame n’a pas encore été précisée, tous ceux qui ont appris la nouvelle sont unanimes à dénoncer l’inconscience des propriétaires des lieux : comment peut-on stocker, conditionner ou fabriquer des produits inflammables dans un entrepôt sis au rez-de-chaussée d’une maison, en plein dans une zone résidentielle, en dessous d’un appartement d’habitation, mettant ainsi en péril des vies humaines ? Les lois régissant ce genre d’activité sont on ne peut plus claires et les auteurs ou ceux qui ont encouragé ou qui se sont tus après avoir constaté ces pratiques irresponsables doivent être sanctionnés. 
Le cas de cet entrepôt qui a pris feu n’est pas sporadique et ne constitue en aucun cas une exception. Des dépôts dans des garages de cités résidentielles sont nombreux à travers les quatre coins du pays. Il est grand temps de mettre le holà. 
Il est à noter qu’au moment où des pseudos investisseurs bénéficient de terrains pour la réalisation de projets d’investissement qui n’ont jamais vu le jour, d’autres sont contraints d’implanter leurs projets dans des cités résidentielles, constituant un danger pour les riverains. Comme à l’accoutumée en pareille circonstance, les riverains en particulier et les habitants d’Aïn Oulmène en général ont, outre leur compassion affichée depuis mardi, été solidaires avec les victimes. Des vivres sont à la disposition des différents intervenants. Pour la première nuit du drame, un vaste élan de solidarité avec les familles des victimes et les sinistrés. Ces derniers ont été pris en charge par leurs voisins et leurs proches, en attendant le rétablissement de l’alimentation en électricité et  gaz et la réhabilitation de leurs maisons touchées par la déflagration. Quant à la maison de trois étages dont le rez-de-chaussée faisait office d’entrepôt, elle a été très endommagée et seul le rapport d’expertise de l’organisme chargé du contrôle technique de la construction (CTC) est habilité à définir si elle pourra être habitable dans l’avenir.
 

Faouzi SENOUSSAOUI 

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